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Kalki 2898 AD : critique d’un blockbuster divin

Par Clément Costa
3 juillet 2024
MAJ : 17 octobre 2024

Projet colossal à l’échelle du cinéma indien, Kalki 2898 AD réalisé par Nag Ashwin réunit les superstars Prabhas, Amitabh Bachchan et Deepika Padukone pour un récit qui mélange science-fiction et mythologie. Bien qu’imparfait, ce pari fou nous en met plein les yeux.

Kalki 1

BLADE RUNNER 2898

Ces dernières années, les différentes industries cinématographiques indiennes ont pris une toute nouvelle dimension à l’international. De RRR à Jawan, les blockbusters spectaculaires se succèdent pour le plus grand bonheur des spectateurs. C’est dans un tel contexte que le cinéaste télougou Nag Ashwin nous offre Kalki 2898 AD, un projet fou sur lequel il travaille depuis plus de quatre ans. Son ambition consiste à transposer le récit épique du Mahabharata dans un univers post-apocalyptique.

Le récit nous fait vivre un futur dystopique, dans un monde dévasté qui attend la naissance du nouvel avatar du dieu Vishnu. Une lutte s’engage alors entre un chasseur de primes, un dieu immortel et un dictateur sanguinaire. La science-fiction étant un genre extrêmement rare en Inde, Nag Ashwin va régulièrement piocher du côté des classiques hollywoodiens. On pense évidemment aux deux volets de Blade Runner mais également à Mad Max le temps d’une course-poursuite dans le désert. Sans oublier Star Wars, Les Fils de l’Homme et même Cloud Atlas.

Kalki-combat
Seul contre tous

La première force du long-métrage est cependant de ne jamais se limiter à ses références. Il se démarque en effet grâce à son utilisation brillante des mythes indiens. D’autant que le spectacle proposé à l’écran est franchement impressionnant. Doté d’un budget d’environ 75 millions de dollars, soit le deuxième film le plus couteux de l’histoire du cinéma indien, Kalki 2898 AD transcende ses limites avec une générosité communicative. On pardonnera volontiers certains fonds verts moins aboutis et surtout un rajeunissement numérique en plein dans la vallée de l’étrange.

En plus de donner vie à des genres peu explorés en Inde, le long-métrage est un véritable petit miracle dans sa façon de réunir les trois plus grandes industries du pays. Cinéma télougou, tamoul et hindi s’unissent ainsi pour créer un blockbuster national par excellence, capable de dépasser les frontières habituelles de langues et régions. L’ère du cinéma pan-indien, initiée par Baahubali, semble enfin aboutir pour une ambition décuplée.

KalkiMecha
Le seul homme capable de réunir toutes les industries

LES IMMORTELS

En ayant travaillé pendant des années sur ce projet de rêve, Nag Ashwin connaît son univers et ses personnages sur le bout des doigts. Ce long temps de préparation pose paradoxalement un problème majeur. En effet, l’univers est si dense qu’il est impossible à résumer en un seul film. Le générique de fin confirme d’ailleurs que Kalki 2898 AD est pensé comme le lancement d’une saga. Afin de poser les bases de cette nouvelle franchise, le long-métrage patine durant toute sa première heure qui consiste essentiellement à faire de l’exposition.

Difficile de ne pas mentionner également les failles d’écriture dans la caractérisation de certains personnages. Citons particulièrement le chasseur de primes incarné par un Prabhas peu convaincant, dont le tempo comique ne fonctionne jamais vraiment. Difficile de s’attacher à un héros si générique, surtout lorsqu’il fait face à un dieu immortel tragique incarné par l’immense Amitabh Bachchan ou à une Deepika Padukone qui illumine l’écran à chaque apparition.

KalkiBigB
Le charisme incarné

Avec sa galerie de personnages empruntés au Mahabharata, Kalki 2898 AD s’avère d’ailleurs bien plus complexe à suivre pour le public occidental. Sans être un défaut à proprement parler, cette lecture culturelle très marquée risque de compliquer la portée universelle d’une œuvre qui semble clairement avoir l’ambition d’être un blockbuster international.

Enfin, le dernier écueil majeur se trouve du côté de la bande-originale. Le compositeur Santosh Narayan livre une partition inégale, qui manque d’inspiration. Les différents thèmes se contentent presque systématiquement d’accompagner mécaniquement le récit sans jamais tenter de l’élever. On oubliera volontiers le seul titre dansé du film, une balade romantique en décalage complet avec l’univers et qui n’apporte rien d’un point de vue narratif.

Kalki-Ashwatthama
Quand tu découvres une toute nouvelle mythologie

GODS AND QUEEN

Malgré ses imperfections, Kalki 2898 AD dévoile progressivement tout son potentiel lorsqu’il embrasse clairement la portée mythologique du récit. Alors que les dieux antiques réapparaissent progressivement, la dimension épique prend le dessus. En témoigne cette séquence passionnante juste avant l’entracte qui fait basculer le long-métrage vers un deuxième acte bien mieux maitrisé et tout simplement passionnant.

D’autant que Nag Ashwin ne se contente pas de multiplier les clins d’œil au Mahabharata comme le faisait l’inégal Brahmastra d’Ayan Mukerji. Le cinéaste utilise le choc entre son récit futuriste et les divinités qu’il invoque pour questionner notre époque. Le combat entre Ashwatthama et Bhairava est avant tout une lutte entre foi et science. Il aurait été facile de tomber dans un message réactionnaire, prônant un retour total au religieux. À l’inverse, le film présente deux protagonistes complémentaires dont la potentielle union serait la seule façon de vaincre le totalitarisme.

Kalki-epic
Vers le divin et au-delà

Toute la richesse thématique de cet univers se dévoile pleinement lors du dernier tiers se déroulant dans le royaume mythique de Shambala. Prophéties, personnages complexes, destins divins et guerre démentielle, tout y est. Le spectacle total de la dernière demi-heure a de quoi faire pâlir la plupart des super-productions hollywoodiennes actuelles. Nag Ashwin ne se refuse rien, pas même un combat fou entre dieux et mecha qui vient une fois de plus traduire le talent du cinéaste à marier d’innombrables influences pour créer un monde original et novateur.

La dernière force majeure de Kalki 2898 AD, c’est sa façon d’interroger notre rapport aux mythes. Notre besoin de narration, de se raconter des histoires qui sont vectrices d’espoir depuis des millénaires. Que ce soit la croyance en un dieu prêt à renaître ou la foi totale d’un cinéaste qui risque tout pour donner vie à une expérience unique.

La dernière force majeure de Kalki 2898 AD, c’est sa façon d’interroger notre rapport aux mythes. Notre besoin de narration, de se raconter des histoires qui sont vectrices d’espoir depuis des millénaires. Que ce soit la croyance en un dieu prêt à renaître ou la foi totale d’un cinéaste qui risque tout pour donner vie à une expérience unique.

La dernière force majeure de Kalki 2898 AD, c’est sa façon d’interroger notre rapport aux mythes. Notre besoin de narration, de se raconter des histoires qui sont vectrices d’espoir depuis des millénaires. Que ce soit la croyance en un dieu prêt à renaître ou la foi totale d’un cinéaste qui risque tout pour donner vie à une expérience unique.

La dernière force majeure de Kalki 2898 AD, c’est sa façon d’interroger notre rapport aux mythes. Notre besoin de narration, de se raconter des histoires qui sont vectrices d’espoir depuis des millénaires. Que ce soit la croyance en un dieu prêt à renaître ou la foi totale d’un cinéaste qui risque tout pour donner vie à une expérience unique.

Kalki 2898 AD est sorti au cinéma en France le 27 juin

Kalki poster FR
Rédacteurs :
Résumé

Limité par son envie d’exposer un univers trop dense et de sérieux problèmes de rythme en première heure, Kalki 2898 AD est tout de même une belle réussite. Nag Ashwin nous offre trois heures de cinéma épique, spectaculaire et généreux. Vivement la suite.

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Commentaires
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Lilvampa

J’aimerai le voir mais où ?????

CIDJAY

Vous êtes quand même très indulgeant avec le cinéma indien… menfin on verra bien sur pièce, mais je me rappelle de RRR… c’était loin d’être génial.

CHFAB

Ça sort quand? Et où?

CHFAB

Ça sort sur quel support, et quand?

T-Rhymes

Vu ce week-end et je ne saurais être plus en accord avec cette critique. Quel bol d’air frais. Une proposition épique et ambitieuse qui mérite le détour. J’avais peur du Rebel Moon version indienne en entrant en salle, et au bout de quelques minutes j’étais conquis. Certaines ruptures de ton et l’humour peuvent parfois désarçonné (pour qui est habitué au cinéma hollywoodien en particulier), mais ça ne nuit en rien à l’expérience. C’est très dense par contre (comme Creation of the Gods) mais tout de même assez accessible. La mise en scène est réussi et généreuse. A part peut être les musiques un poil en retrait (le thème principal aurait gagné a être plus marquant), les 3h passent à une vitesse folle. Hâte de découvrir la suite. Je vais d’ailleurs me jeter sur Bujji et Bhairava, la série d’animation prequel au long métrage disponible sur Prime Video 🙂. Vivement la suite du Kalki Cinematic Universe.