Man of Steel, Joker, The Batman, Batman v Superman, Suicide Squad, Aquaman, Wonder Woman, le Snyder Cut, The Flash... quel est le meilleur film de l’univers DC adapté des célèbres comics ?
Le DCEU, c’est fini. Après 10 ans et 15 films, l’univers étendu des super-héros s’est officiellement terminé avec Aquaman 2, avant un nouveau film Superman en 2025. Lancé comme une réponse de Warner Bros. au Marvel Cinematic Universe de Disney, ce monde DC autour de Batman, Superman, Wonder Woman, Aquaman, Cyborg, Harley Quinn, Flash, Joker, Shazam, Black Adam et compagnie aura eu une trajectoire très compliquée. Ce qui en fait un cas d’école passionnant, pour le meilleur et pour le pire.
Ecran Large s’est donc réuni et affronté pour classer du pire au meilleur tous les films DC depuis le lancement du DCEU (en intégrant même les films Joker et The Batman, parce que c’est comme ça).
PS : Évidemment, il s’agit d’un classement subjectif, donc pas la peine de hurler
20. JUSTICE LEAGUE
- Sortie : 2017
- Durée : 2h
Le résumé : Superman mort, il appartient à Batman de protéger l’humanité de l’invasion de Steppenwolf. Pour ce faire, il réunit Wonder-Woman et Aquaman, dont les peuples avaient autrefois bouté le vilain pas beau loin de la Terre, ainsi qu’un demi-robot en pleine crise d’ado et un jeune hyperactif à l’humour douteux. Ensemble, ils vont partir à la recherche des MacGuffin, se fritter contre des hordes d’ennemis génériques, ressusciter un Superman chafouin et détruire le boss final, Doomsday.
Ce qu’on peut dire de positif : C’est moins long que le Snyder Cut.
Pourquoi c’est l’un des pires blockbusters de l’histoire : Dans cette liste, il y a de mauvais films, de très mauvais films, de grosses gaffes made in Warner (voir juste en dessous), mais aucune catastrophe industrielle du niveau de Justice League version 2017. L’histoire est désormais célèbre, largement relayée sur les réseaux : à la suite d’un drame personnel, Zack Snyder a dû quitter la production du film, remplacé illico presto par Joss Whedon. Résultat, malgré son budget stratosphérique, Justice League ressemble plus à un bricolage permanent, un slalom entre les icebergs menaçant de couler le film.
Entre l’affaire de la moustache de Superman, enlevée du visage de Cavill à grands coups de CGI conçus entre deux pauses dej’, les notes d’humour gênantes apportées par le non moins gênant Barry Allen et les répliques super-héroïques tout droit échappées d’une parodie, on ne manque pas d’occasions pour se moquer régulièrement des dérapages permanents de la chose, parfois aux limites du nanar.
Mais les fans de DC préféreront se navrer d’un tel gâchis, s’employant à noyer sous les clichés du genre une intrigue qui semblait pourtant à l’origine plus prompte à vraiment raconter quelque chose. En l’état, elle accumule les poncifs dans une logique commerciale qui donne la nausée. Tout, du méchant générique à usage unique jusqu’à la façon dont l’équipe se constitue, semble échapper d’un bureau de publicitaires chargés de reconstituer la recette Marvel en s’appropriant un style graphique qui n’est même pas le leur.
Le climax, équivalent contemporain du The Room de Tommy Wiseau, est si hideux qu’il parvient à faire oublier les approximations précédentes. Un véritable cas d’école du blockbuster moderne raté, sacrifié à cause de circonstances imprévisibles, mais aussi d’une absence de point de vue artistique aberrante.
19. THE FLASH
- Sortie : 2023
- Durée : 2h24
Le résumé de The Flash : Barry Allen remonte le temps pour sauver sa mère, mais ça fout le bordel. Bloqué dans une nouvelle réalité, il tente de revenir chez lui avec l’aide d’un autre Barry, du Batman de Michael Keaton et Supergirl, mais pas avant de sauver ce nouvel univers de l’invasion de Zod, le méchant de Man of Steel. Mais ça se passe mal. Barry souhaite effacer ses actions, mais le Barry du passé pète un câble et devient un Barry maléfique du futur.
Vous ne comprenez rien ? Pas grave, une petite scène hideuse de multivers plus tard, jeune Barry et méchant Barry meurent, et le vrai Barry remet presque la réalité en ordre. Presque, car il décide quand même de modifier quelque chose pour innocenter son père (accusé du meurtre de sa mère). Flash retrouve son univers, son père est bel et bien acquitté, mais Batman est devenu George Clooney. Ah, et il y a une scène post-générique avec Aquaman aussi, mais elle ne sert à rien.
Pourquoi ça aurait pu être bien : Le film montre parfois des bribes de bonnes idées héritées des comics Flashpoint, dont il s’inspire en partie, et la première demi-heure ne donne pas encore l’envie de s’asperger les yeux de Javel.
Pourquoi c’est une abomination tristement prévisible : Parce que The Flash était presque condamné à être raté, entre ses réécritures infinies et ses 18 réalisateurs. En résulte un film malade, qui ne sait ni ce qu’il fait ni où il va, et qui finit par se complaire paresseusement dans du fan-service à faire pâlir Spider-Man : No Way Home. Adapter Flashpoint pour lancer un reboot du DCEU était une très bonne idée. Encore fallait-il comprendre les enjeux du comics et aller au bout de la démarche.
À la place, The Flash oublie vite les motivations de son héros, et se contente de faire parader maladroitement ses vieilles reliques, qu’il s’agisse d’un Ben Affleck absent ou d’un Michael Keaton je-m’en-foutiste. La manœuvre est cynique et ne sert jamais l’intrigue, qui maltraite tous ses personnages, et n’exploite jamais ses idées jusqu’au bout.
The Flash multiplie les WTF, notamment avec l’hallucinante scène des cameos (qui ramène d’entre les morts Christopher Reeve et offre un modèle 3D immonde de Nicolas Cage en Superman) et l’utilisation grotesque de Supergirl. La dernière scène avec George Clooney et l’apparition finale d’Aquaman confirment à quel point le film avance à l’aveugle, et préfère la petite blague à toute forme d’histoire.
The Flash est en prime l’un des films de super-héros les plus moches de ces dernières années, particulièrement dans le climax en plein désert. En bref, c’est une énième sortie de route à l’image du pire du DCEU : un chaos désorganisé, sans direction et sans âme.
18. SHAZAM 2
- Sortie : 2023
- Durée : 2h10
Le résumé de Shazam 2 : Billy Batson/Shazam et sa Shazamily affrontent trois anciennes déesses grecques super énervées : les filles d’Atlas. La méchante Kalypso attaque Philadelphie sur le dos d’un gros dragon, tout en libérant des démons en CGI moche. Sa Shazamily privée de pouvoirs, Billy affronte seul son adversaire, tandis que le reste de la troupe obtient l’aide de licornes grâce au pouvoir magique des skittles. Billy se sacrifie, et meurt, mais Wonder Woman vient le ressusciter dans un élan de générosité. Tout est bien qui finit bien.
Pourquoi c’est moins pire que Justice League : Les costumes sont sympas, et au moins, il n’y aura pas de Shazam! 3.
Pourquoi c’est une catastrophe un peu triste : Rien ne va dans cette suite qui perd toute la sympathie et la modestie du premier film. Comme un enfant un peu trop gâté, le réalisateur David F. Sandberg se perd dans un déluge de CGI très (très) moche, et son semblant de scénario est tellement risible et téléphoné qu’on en vient à se demander si ChatGPT n’en était pas aux commandes. Oubliez les jolis moments d’émotion qui entouraient la vie tragique de Billy, Shazam ! la Rage des dieux n’en a que faire, et fonce tête la première dans tous les pires clichés du genre.
Les méchants sont toujours aussi génériques, l’action est cheap et le film se permet même des instants supposément drôles et meta qui deviennent simplement des monuments de cringe. Un mois après MODOK, la Wonder Woman affublée de la tête du Sorcier a atteint de nouveaux abysses inimaginables.
Pourtant, on ne peut pas s’empêcher d’avoir un semblant de peine pour ce projet condamné d’avance. Shazam! 2 tente désespérément de se raccrocher aux derniers vestiges du Snyderverse, mais il ne parvient jamais à se trouver une quelconque identité, et en devient un long chemin de croix fade et dénué de tout intérêt.
Le cameo surprise (et improbable) de Gal Gadot est à ce titre le meilleur gag involontaire de ce long-métrage, alors que les scènes post-génériques font rire jaune. La seule chose qui nous empêche d’être vraiment tristes pour cette chose ? La fameuse scène des skittles, qui frise le foutage de gueule pur et dur et qui constitue un moment totalement lunaire dans un film autrement franchement oubliable.
17. AQUAMAN 2
- Sortie : 2023
- Durée : 2h04
Le résumé d’Aquaman 2 : Désormais papa et roi d’Atlantide, Arthur Curry affronte encore une fois Black Manta, devenu super-puissant grâce au trident de Kordax, un méchant très méchant qui veut revenir à la vie. Arthur va donc libérer son demi-frère Orm pour qu’il l’aide, surtout que Black Manta a enlevé son fiston.
Il redevient copain avec Orm, détruit Kordax et sauve le monde. A la fin, il décide donc de se présenter officiellement à l’humanité dans une conférence de presse. Dommage, parce que le DCEU c’est fini.
Pourquoi c’est moins pire que Shazam 2 : Parce qu’il y a des monstres et machines à tentacules, des bestioles géantes, et des décors glacés qui sentent bon la série B (et La Planète des vampires).
Pourquoi c’est complètement raté : Après le carambolage sans fin de Black Adam, Shazam 2, The Flash et Blue Beetle, Aquaman et le Royaume perdu était la dernière miette d’espoir. Il suffisait que la suite soit aussi simple, décomplexée et généreuse que le premier Aquaman pour finir sur une note positive, ou en tout cas pas désagréable. Que nenni puisque ce Aquaman 2 sort du même moule que les autres.
C’est donc un blockbuster informe qui ressemble à trois films réunis en un. Les décors, les bastons, les blagues et les bruits s’enchaînent à un rythme effréné, mais la course est désespérée. Le scénario n’est qu’un pauvre prétexte pour recycler le premier film (Black Manta, Orm), et la seule nouveauté (Kordax, croisement entre The Green Knight et Groot version Z) est tellement inintéressante et générique qu’elle est d’une tristesse infinie.
Dans Aquaman 2, plus rien n’a de sens. Les personnages sont constamment sauvés in extremis avant un coup fatal, et de toute façon plus personne n’essaye de comprendre ce qui peut réellement les tuer. Ils traversent des dizaines de lieux et menaces, mais pas grave puisque tout ça disparaît au bout d’une minute ou deux. Les informations sont dégueulées par des seconds rôles, principalement Nicole Kidman (qui reste pro jusqu’au bout du bout) et Dolph Lundgren (qui semble en détresse dès qu’il faut marcher, parler, exister), et chaque scène est évacuée en quatrième vitesse pour laisser place à une nouvelle diversion.
Les moments pseudo dramatiques sont expédiés (la scène du phare en feu), les scènes d’action sont parfaitement inintéressantes, et les effets visuels sont gérés n’importe comment – contrairement au premier Aquaman, où la surenchère était assumée et mise en scène jusqu’à l’overdose. Inutile de chercher James Wan là-dedans. Hormis quelques plans et mouvements de caméra sophistiqués, Aquaman 2 n’a plus aucune identité. C’est le néant, sauf que ça a coûté plus de 200 millions.
16. Blue Beetle
- Sortie : 2023
- Durée : 2h08
Le résumé de Blue Beetle : De retour dans sa ville natale de Palmera City, Jaime Reyes retrouve sa famille, et espère décrocher un boulot pour sauver la maison qu’ils s’apprêtent à perdre. Alors qu’il croise par hasard la route de Jenny Kord, fille d’un riche industriel, celle-ci lui confie un scarabée bleu alien que sa tante elonmuskienne veut utiliser pour créer une armée de super-soldats (comme dans Iron Man).
Décidément, Jaime a vraiment du cul, puisque le scarabée le « choisit » pour fusionner avec lui (comme dans Venom), et ainsi devenir Blue Beetle. Son oncle complotiste l’aide dans sa quête, tandis que son père a le temps de lui dire qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités avant de mourir. Il se bat contre un super-soldat, qui finit par se retourner contre Susan Sarandon. Explosion, bisou avec Jenny, câlin familial. Fin.
Pourquoi ça aurait pu être un petit blockbuster sympa : Sur le papier, Blue Beetle avait deux ambitions très simples. D’une part, adapter sur grand écran un super-héros peu connu et d’autre part, offrir le premier film latino du genre. De quoi proposer un vent de fraîcheur bienvenu, accordé ici à l’humilité de l’entreprise et de ses enjeux, dignes d’une petite aventure de Spider-Man. Mais tout ça, c’est sur le papier…
Pourquoi c’est un pot-pourri raté : Dans la pratique, Blue Beetle est un encéphalogramme plat, et même un pur produit opportuniste, qui souhaite marcher sur les plates-bandes de Black Panther en termes de représentation, en pensant que ça suffira. Planqué derrière cette intention – au demeurant louable –, le long-métrage se contente d’enquiller tous les clichés des origin stories, sans aucun panache. Son histoire familiale bidon aurait pu s’avérer émouvante si les personnages étaient un tant soi peu écrits, mais le scénario préfère s’assurer de cocher les bonnes cases au bon moment.
Sauf qu’à force de piocher dans Venom, Iron Man, Spider-Man et consorts, Blue Beetle n’en est que plus dépassé, confirmant au passage à quel point la crise créative et identitaire des super-héros au cinéma engendre une régression fascinante du genre. Rien qu’en voyant Susan Sarandon incarner la méchante comme un étonnant chat de Shrödinger d’acting (est-elle éteinte ou au contraire dans le surjeu ? Difficile à dire), on se rappelle des grandes heures de Sharon Stone dans Catwoman. Et ce n’est pas les quelques bastons numériques de nuit dans des parkings qui vont changer la donne.
15. SUICIDE SQUAD
- Sortie : 2016
- Durée : 2h03
Le résumé de Suicide Squad : Amanda Waller n’a pas de meilleure idée que de créer ses Expendables, avec une équipe de bras cassés psychopathes et dotés de pouvoirs (parfois), pour régler les gros problèmes, et éventuellement crever. La bande est envoyée dans Midway City, où l’Enchanteresse menace de détruire le monde avec ses chorégraphies.
Sauf que le vrai but est juste de sauver Amanda (décidément pas gentille). Le Joker tatoué vient récupérer Harley Quinn, Deadshot au grand coeur refuse de buter sa pote Barbie punk, et l’Enchanteresse capture Amanda. Le Squad de l’amitié attaque donc la magicienne qui se déhanche, le pyromane meurt brûlé (oui), Harley Quinn arrache le coeur de la méchante, et le Joker finit par libérer sa copine.
Pourquoi il y a peu à sauver : Suicide Squad était sur le papier une bonne idée pour dynamiser un cinéma de super-héros déjà engoncé dans ses tics. Et la promo, bercée par Bohemian Rhapsody de Queen, a excité les esprits avec des bandes-annonces, un style et des couleurs inattendus. En bref, le meilleur de Suicide Squad, c’est avant la sortie de Suicide Squad. À l’arrivée, il reste le talent de Margot Robbie, et quelques images amusantes.
Pourquoi c’est un cas d’école de blockbuster foiré : Même si le réalisateur David Ayer a révélé que Warner avait charcuté son film, pas sûr que Suicide Squad serait ressorti grandi de sa vision originale. Au-delà de la laideur de sa photographie marronnasse émaillée de néons, la mise en scène est d’une telle platitude qu’elle ne pouvait que donner des cartouches au studio pour remonter l’ensemble en dépit du bon sens. À partir de là, le film bégaye, et ce dès son introduction à base de flashbacks infernaux, de panneaux d’introduction indigents et de jukebox pop à vomir.
Et on pourrait presque le pardonner si Suicide Squad n’était pas aussi persuadé d’être un objet moderne et cool, porté par des acteurs en roue libre trop heureux de jouer « les méchants » (terme répété un paquet de fois histoire d’être sûr). La direction artistique part dans tous les sens, entre ses armées de pétrole au caviar, son faisceau lumineux dans le ciel (encore), et ses antagonistes en CGI joyeusement hideux. Dans le genre des catastrophes industrielles, ça se pose là.
14. BLACK ADAM
- Sortie : 2022
- Durée : 2h05
Le résumé de Black Adam : 5000 ans après avoir été doté de super-pouvoirs, Teth-Adam est libéré de sa tombe terrestre. Son ancien royaume, Kahndaq, est désormais contrôlé par de méchants mercenaires. Comme il est un anti-héros sombre et violent (ce que le film rappelle toutes les deux minutes), il se prend d’affection pour une résistante et son fils, avant de se faire arrêter par la Justice Society of America.
Mais le monde a besoin des sourcils froncés de Dwayne Johnson lorsqu’un méchant encore plus méchant se transforme en démon dont les effets spéciaux doivent rendre hommage au Roi Scorpion 3.
Pourquoi ça reste divertissant par instants : Non seulement Black Adam a le mérite de ne pas dépasser la barre symbolique des deux heures (si on ne compte pas le générique) et c’est une rareté dans le domaine du blockbuster faisandé et persuadé qu’il a quelque chose à raconter. Mais en plus, le film a surtout pour lui de savoir ce que recherchent ses spectateurs.
En bref, qu’importe la mythologie inintéressante, elle est bazardée en deux minutes top chrono pour laisser place à un maximum de scènes d’action, ce qui rend l’ensemble au moins un tant soit peu divertissant (surtout la première apparition du personnage). Black Adam coche les cases sans aucune surprise, mais il a la décence de ne pas prendre des vessies pour des lanternes.
Pourquoi c’est un algorithme super-héroïque : Ah, il nous aura bien fait marrer Dwayne Johnson avec son “bouleversement de la hiérarchie de DC”, alors que son film d’anti-héros est aussi gentil qu’un épisode des Teletubbies. Mais au-delà de sa problématique tuée dans l’œuf sur la légitimité d’action des super-héros (et par extension de l’interventionnisme de la JSA), Black Adam est surtout un sommet de ringardise, et pas seulement sur le plan technique. Avec ses énièmes pierres magiques, ses MacGuffin éculés, ses caméos ronflants et la construction comme un simple épisode de série, le trip de The Rock n’est qu’un pot-pourri de codes super-héroïques réchauffés n’importe comment.
Le résultat n’en est que plus laborieux, tiédasse et sans âme. À vouloir jouer la valeur sûre, Black Adam semble presque avoir été réalisé par une IA, entre ses influences snyderiennes pachydermiques et son plagiat éhonté de Terminator 2 dans l’écriture de sa brute monolithique déphasée du monde réel. En même temps, le casting endormi aurait dû nous mettre la puce à l’oreille.
13. WONDER WOMAN 1984
- Sortie : 2021
- Durée : 2h31
Le résumé de WW1984 : Diana affronte une lampe pierre magique qui exauce les vœux. Steve Trevor réapparaît donc par magie pour lui offrir une deuxième chance, tandis que sa collègue du musée, la timide Barbara, gagne des super-pouvoirs. Mais le méchant Maxwell Lord veut la lampe pierre magique pour sauver sa compagnie pétrolière, et semer le chaos.
Personne n’avait lu la notice de la lampe pierre magique, qui exauce les vœux en prenant ce que la personne avait de plus cher. Diana a donc perdu ses pouvoirs, et Barbara, son humanité. Wonder Woman doit renoncer à Steve pour retrouver sa force, et enfile l’armure dorée d’Asteria pour faire joli. Elle affronte Barbara devenue une espèce de Cheetah, et explique à Maxmell qu’il doit arrêter d’être méchant.
Pourquoi c’est pas si affreux : Wonder Woman 1984 est l’un des films les plus détestés de la liste, et c’était presque le parfait point final pour cette grande victime de la pandémie (il est sorti simultanément au cinéma et en SVoD en décembre 2020, et uniquement en SVoD après en France). Pourtant, WW1984 a le charme old school d’un conte, et des comics. Et en poussant encore plus loin les délires kitsch (la scène d’intro, les feux d’artifice), sur fond d’une Amérique conquérante en pleine crise de boulimie, Patty Jenkins joue la carte d’une candeur encore plus pure que dans le premier film.
Les ficelles (les super-héros perdant leurs super-pouvoirs, les personnages devant d’abord s’affronter eux-mêmes) sont usées, mais apportent des enjeux plus humains (Diana, Barbara et Maxwell sont victimes de la même tentation). Tout ça est écrit à la truelle, mais c’est le lot des films du genre, donc la haine vis-à-vis du film peut sembler légèrement excessive.
Pourquoi c’est un peu affreux quand même oui : Parce que c’est interminable, souvent laid, et niais à s’en taper la tête contre une commode. Non seulement le film est bavard (20 minutes d’action sur 2h30), mais en plus, le spectacle est moyennement satisfaisant – pour ne pas dire indigent.
C’est particulièrement hilarant dans le climax, dont le principal ennemi reste un gros ventilateur hors-champ. Sans parler du petit twist en-fait-j’avais-mon-lasso-sur-ta-cheville-pour-faire-la-morale-au-monde-entier, digne de Milla Jovovich qui cache une grenade dans la chemise du méchant dans Resident Evil : Chapitre Final. C’est-à-dire le degré zéro de dramaturgie.
Mentions déshonorables : Cheetah, sous-exploitée et visuellement hideuse ; le pauvre homme abusé par Diana sous la forme de Steve ; le jeu de Gal Gadot, toujours aussi fantastique.
12. BATMAN V SUPERMAN (version cinéma)
- Sortie : 2016
- Durée : 2h33
Le résumé de BvS : Batman n’a pas apprécié que Superman pulvérise le building de Wayne Enterprises pendant son combat contre Zod, donc il décide de l’éliminer. De son côté, Lex Luthor manipule Superman et Bruce Wayne pour qu’ils s’affrontent, tout en assurant ses arrières en jouant les généticiens fous pour fabriquer Doomsday qui devient complètement instable et menace la ville. Après avoir découvert que leurs mamans ont le même prénom, Batman et Superman font une trêve pour le combattre (avec l’aide de Wonder Woman).
À l’issue de cette confrontation, Doomsday est vaincu, Luthor interné et Superman laissé pour mort. Convaincus qu’ils pourraient avoir à combattre de pires menaces, Wonder Woman et le Chevalier Noir se préparent à mettre sur pied une équipe de métahumains en ralliant Aquaman, Flash et Cyborg.
Pourquoi ce n’était pas une si mauvaise idée : Pour rattraper son retard sur Marvel, le DCEU (qui était encore dans l’ère du Snyderverse) a décidé de zapper l’origin story de Batman après celle de Superman pour directement faire entrer les deux héros en collision. Batman v Superman : L’Aube de la justice revient ainsi sporadiquement sur l’histoire d’un Bruce Wayne qui a perdu son utopisme d’antan. Le Chevalier Noir est dès lors plus brutal et radical (ce que soulignent ses costumes plus proches de l’armure et sa Batmobile qui fait plus tank qu’automobile).
Clark Kent profite lui aussi d’un traitement plus grave et lyrique, non sans une certaine désacralisation du super-héros et de sa légitimité. Il est ainsi accusé d’être un meurtrier irresponsable, ce qui s’inscrit dans la lignée de Man of Steel et de la nuque brisée du Général Zod (qui l’avait bien cherché, on ne dit pas le contraire). Zack Snyder continue ainsi de questionner le statut de ses protagonistes dans ce qui s’avère être un grand récit âpre, dépressif, et donc parfaitement singulier au sein d’un genre souvent très codifié.
Pourquoi c’est pas aussi bien que ça le devrait : Parce que c’est un produit haché en post-production qui préfigurait bien le cas Justice League/Snyder Cut. Après que Man of Steel a reçu quelques critiques pour la noirceur sous-jacente du récit et le choix de faire de Superman un tueur en état de légitime défense, le récit a été amputé pour rentrer dans un format plus standardisé, compromettant le déroulé logique des événements.
En ressort un film à trous béants, qui fausse la compréhension et dilue tous les enjeux autour de la confrontation de Batman et Superman qui paraît trop artificielle et non-fondée, tandis que les raisons de leur réconciliation paraissent d’autant plus risibles.
11. SHAZAM !
- Sortie : 2019
- Durée : 2h12
Le résumé de Shazam : Billy Batson est un ado de 14 ans qui vogue de famille d’accueil en famille d’accueil. Un jour, il est projeté dans une grotte et rencontre le vieux Shazam, qui lui transmet ses pouvoirs (force, endurance, vitesse, courage…). Bloqué en super-héros dans un corps d’adulte, il demande de l’aide à son ami Freddy qui vit dans la même famille et apprend à apprivoiser ses pouvoirs. Sauf qu’un méchant, Thaddeus Sivana, veut les récupérer.
Alors que Sivana s’empare du sceptre magique du vieux sorcier par vengeance, les frères et sœurs d’adoption de Billy comprennent qu’il est Shazam et lui viennent en aide à la fête foraine. Shazam récupère le sceptre, transforme ses frères et soeurs en magiciens et ensemble ils réussissent à vaincre Sivana.
Pourquoi c’est une petite comédie adolescente sympathique : Loin d’être ambitieux, Shazam ! n’est finalement qu’une petite comédie familiale surfant sur la mode des super-héros. Et de ce point de vue là, le long-métrage DC est une petite réussite puisqu’il suit avec émotions le parcours d’un jeune adolescent qui se retrouve dans le corps d’un adulte et doit affronter un monde qu’il ne connaît pas encore et surtout, qu’il craint.
En plus de reposer sur les thèmes classiques des récits initiatiques, Shazam ! parle de solidarité et finalement de famille (ici d’adoption par ailleurs). L’amour que se portent les personnages entre eux est sans doute la plus belle réussite et le final en mode « Famille Shazam » était la promesse de prochains opus plus ambitieux et spectaculaire. Et pour un DC, on peut dire que les effets spéciaux sont particulièrement réussis.
Pourquoi c’est un film de super-héros raté : Tout le reste et donc tout ce qu’on peut attendre logiquement d’un film de super-héros. En ne cherchant jamais vraiment à être aussi spectaculaire qu’un film solo sur Batman ou Superman, le film de Sandberg subit assez largement son absence de spectacle. En 2h12 de métrage, aucune scène d’action ne marque la rétine et surtout, les rares qui infusent le récit n’ont aucune originalité entre le sauvetage d’un bus, d’une roue de fête foraine.
Cette absence d’inventivité achève de faire de Shazam ! un amoncellement de blagues assez lourdingues et de petits gags vains sur les super-héros. La direction artistique n’est jamais inspirée, le climax est terriblement pauvre sans parler de l’intrigue globale tragiquement banale et prévisible. Le méchant incarné par Mark Strong est d’ailleurs insipide et ses véritables motivations ne sont jamais exploitées durablement et en détail.
Bref, avec un méchant au premier abord passionnant psychologiquement et un tel super-héros, considéré pour beaucoup comme l’un des plus puissants de l’univers DC avec Superman, il y avait pourtant de quoi faire rêver dans ce Shazam !. Mission échouée.
10. ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE
- Sortie : 2021 (en VOD)
- Durée : 4h02
Le résumé du Snyder Cut : Superman est mort alors Batman décide de former la Justice League pour tenter de protéger l’humanité de l’invasion de Steppenwolf. Il réunit alors Wonder-Woman, Aquaman, Cyborg et Flash. Ensemble, ils partent à la recherche des Boites-mères. Pas de chance, ils se font doubler par le sbire du méchant et vont ressusciter Superman d’entre les morts pour espérer l’emporter.
Malgré tout, Steppenwolf et Darkseid réussissent à anéantir le monde, mais heureusement, grâce à sa super-vitesse, Flash parvient à remonter le temps. Steppenwolf est tué, la Terre est sauvée et un affrontement futur s’annonce entre Darkseid et la Justice League.
Pourquoi c’est bien mieux que la version de Joss : Incontestablement, Zack Snyder a mis les petits plats dans les grands avec son Zack Snyder’s Justice League long de 4h02 (un peu comme une série en plusieurs épisodes). Et on ne peut pas nier qu’il y a une vraie amélioration par rapport à la version sortie au cinéma. Avec une durée deux fois supérieure qui ravira les fans de comics, ce Snyder Cut offre enfin la possibilité aux spectateurs d’en découvrir plus sur les super-héros au cœur de cette Justice League.
Difficile de ne pas mettre en avant l’évolution majeure de Cyborg (dont le parcours prend enfin sens) et de Flash (dont l’importance est proprement capitale). Mais plus encore, c’est la mythologie qui gagne en clarté notamment à travers la quête des trois Boites-mères et l’identité bien plus fouillée de Steppenwolf. Le fait qu’il soit d’ores et déjà une menace solide pour les super-héros alors qu’il n’est que le sous-fifre de Darkseid (le vrai grand méchant) accentue le danger encouru par la planète.
Bref, le film est plus ample, plus tragique, plus cohérent… et plus épique grâce à un climax digne de ce nom. Il y a de la tension dans cette bataille finale, un véritable acte héroïque et l’annonce d’une confrontation violente entre la Justice League et leur grand ennemi Darkseid.
Pourquoi c’est loin d’être le chef-d’œuvre super-héroïque tant annoncé : Le Snyder Cut a beau être une version augmentée d’un récit pensé sur le long terme par Zack Snyder lui-même, il accumule les fausses notes. Outre un humour toujours aussi gênant (qu’il s’agisse de saucisses, de thé ou de blagues vaseuses entre deux combats), les effets spéciaux sont très irréguliers, pour un résultat visuel vraiment chancelant.
Forcément, le film subit d’ailleurs les choix esthétiques de Zack Snyder dont l’amour des ralentis alourdit le récit (qui manque évidemment de rythme sur plus de 4h) et vient, paradoxalement, minimiser l’épique de certaines séquences (le climax et le ralenti sur la course de Flash). Et puis franchement, même si le Snyder Cut a fini par voir le jour pour mettre en exergue le potentiel de la trilogie, certains choix narratifs sont très inopportuns.
Difficile de ne pas voir dans cet épilogue post-apocalyptique le simple délire d’un réalisateur et, plus encore, la mise en bouche d’une saga avortée dont on ne pourra jamais connaître la saveur. Un final aussi frustrant que gênant (bordel la gueule du truc sérieux, et en plus il y a le Joker version Leto), pas aidé dans l’ensemble par la bande-originale exécrable de ce bon vieux Junkie XL.
9. JOKER 2
- Sortie : 2024
- Durée : 2h19
Le résumé de Joker 2 : Incarcéré à la fin du premier film, Arthur Fleck doit maintenant passer devant la justice lors d’un procès ultra-médiatisé, qui excite tout Gotham. Alors que son avocate tente de démontrer qu’il est malade et que le procurent Harvey Dent veut prouver qu’il est simplement dangereux, Arthur rencontre Lee Quinn, une autre patiente de l’asile Arkham obsédée par le Joker. Commence alors une histoire d’amour entre les deux. Qui va apparemment leur donner envie de chanter et danser.
Pourquoi c’est beaucoup moins bien que le premier Joker : Joker : Folie à deux est l’antithèse parfaite de Joker. Alors que le premier film ressemblait à une sorte d’anomalie (un film Joker sans Batman, avec Joaquin Phoenix, par le réalisateur de Very Bad Trip, et sorti entre Shazam et Birds of Prey), tout le monde a pris la confiance pour la suite. Le budget a triplé pour ne rien raconter de plus, mais avec un emballage chic et toc de comédie musicale.
Joker 2 formule des questions à partir des réponses de Joker, pour expliciter tout ce qui était déjà clair. Le procès est censé interroger la figure du Joker, à la fois pour Gotham et pour le public, mais cette mauvaise thérapie tourne en rond. La comédie musicale aurait pu être une parfaite diversion si le réalisateur Todd Phillips savait quoi en faire… mais non. Les numéros chantés et dansés arrivent pour souligner une idée dans des tableaux étonnamment fades et plats, où il n’y a aucune étincelle malgré Lady Gaga qui chante comme au Stade de France.
Pourquoi Joker 2 passe à côté de ses bonnes idées : Cette réécriture de Harley Quinn n’est pas inintéressante en théorie puisqu’elle renverse les rôles et se démarque des précédentes adaptations. Dommage, elle est incroyablement frustrante à l’écran. Caractérisée en deux demps et trois répliques (oh elle est folle et amoureuse ! oh elle n’est pas si folle et amoureuse ?), Lee Quinzel est vite perdue dans le concert de blabla et de rires. Elle est peu à peu mise de côté dans le film, jusqu’à devenir si lointaine et abstraite que le sens de cette fameuse « romance » s’envole. La toute dernière scène entre eux est à ce niveau particulièrement ratée.
Joker : Folie à deux semble constamment courir après le bon tempo pour l’émotion, la violence, la chanson ou la danse, comme si Todd Phillips coupait toujours trop tôt ou trop tard. Joaquin Phoenix, lui, se contente de refaire son numéro à Oscar. Résultat : un film qui semble courir après son sujet, sans jamais le trouver.
8. WOMAN WOMAN
- Sortie : 2017
- Durée : 2h21
Le résumé de WW : Diana Prince est la fille de la reine des Amazones de Themiscyra, qui se tiennent à l’écart des guerres humaines. Mais c’est la guerre qui vient à elles, en la personne du beau gosse Steve Trevor. Pour Diana, la Première Guerre mondiale est l’œuvre d’Arès, le dieu de la guerre. Elle supplie donc sa mère de partir avec le pilote, histoire de régler le compte de la divinité.
Elle aide ainsi Trevor à stopper le « Dr Poison », une scientifique allemande développant un gaz meurtrier. Même si Diana pète la gueule de tout le monde sur le front, elle se rend compte que si l’humanité est si pourrie, c’est bien à cause de l’humain. Mais nous sommes dans un blockbuster et le mal doit être personnifié. Le Dieu de la guerre se manifeste donc. Trevor se sacrifie, ce qui déclenche la vraie puissance de Wonder Woman, qui défait le grand méchant grâce au pouvoir de l’amour.
Pourquoi c’est un péplum super-héroïque pas inintéressant : En utilisant l’île des Amazones comme un outil pour faire le pont entre la naïveté apparente de cet univers des comics et la dure réalité, Wonder Woman démarre sur une idée maline. Un moyen parfait pour suivre l’évolution de Wonder Woman, passant finalement d’un monde à un autre, du monde du comic-book pop au monde du comic-book sombre. Bien sûr, la proposition est un peu pompeuse sur le papier, mais s’avère bien plus fun que prévu.
En reprenant légèrement le style de Snyder sur certaines séquences (l’introduction, le front), Patty Jenkins compose quelques séquences d’action rondement menées, utilisant les ralentis pour figurer la force de l’héroïne. Cela n’a rien de bien original, mais c’est plutôt pertinent vu la figure héroïque de Diana. Et même si Gal Gadot n’est clairement pas une grande actrice, elle porte largement le film sur ses épaules, et on sent qu’elle prend un pied monumental à incarner l’Amazone.
Pourquoi c’est aussi un acte manqué : Malheureusement, cette incursion dans le monde pseudo-réel échoue à remplir ses promesses, la faute à un climax complètement à la ramasse. S’il est amusant sur le principe, il est à la fois décevant thématiquement et douloureux dans l’exécution. Esthétiquement aussi étrange que la plupart des conclusions foirées made in DC (c’est définitivement une marque de fabrique), cette fin se veut humaniste, jurant avec la simple misanthropie qui régnait jusque-là.
L’idée d’un retour gracieux à la douce niaiserie des comics originaux et du Superman de Richard Donner jure certes avec la vision développée dans Batman v Superman, mais aurait pu en faire une véritable oasis de fraicheur super-héroïque. Pourquoi a-t-il fallu que le scénariste Allan Heinberg ruine le tout au forceps ? Le dénouement du long-métrage, où la victoire de l’amour triomphe sur la haine, dépasse le kitsch attendrissant pour lorgner sur le mièvre étouffant.
Tout juste divertissant pendant un peu moins de deux heures, le film se dégonfle alors en faisant de Wonder Woman une guerrière qui ne veut plus se battre que contre des principes personnalisés, archétypes habituels du cinéma hollywoodien paresseux.
7. BATMAN V SUPERMAN (version longue)
- Sortie : 2016
- Durée : 3h03
Le résumé de BvS : Tout pareil que Batman v Superman, mais avec une histoire complète.
Pourquoi c’est un film totalement différent : Avec 30 minutes de moins dans la version cinéma, Batman v Superman est un film évidemment plus abouti. S’il manquait de cohérence, la version longue permet de corriger le tir et de déployer un récit parfaitement compréhensible et pertinent. Parmi les changements les plus significatifs, il y a la scène en Afrique qui pose des enjeux beaucoup plus clairs et donne une meilleure idée des manipulations de Lex Luthor, Clark partant enquêter à Gotham, et sa rivalité naissante avec Batman est plus logique.
Batman v Superman devient la grande fresque souhaitée avec un rythme qui monte crescendo et des pièces narratives qui s’imbriquent sans blocage à mesure que Lex Luthor déroule son plan machiavélique savamment orchestré.
Pourquoi c’est pas non plus un chef-d’oeuvre : Même si la version longue a rapiécé le récit, colmaté les fuites et justifié le caractère ambigu des personnages, on pourra toujours regretter les passages obligatoires à tout univers étendu, à savoir la présentation forcée et parasite de la future Justice League. Wonder Woman a du mal à trouver sa place entre les deux surhommes. De son côté, Doosmday est la sous-intrigue de trop, pensée principalement pour abattre Superman, laver l’honneur de Batman et poser les enjeux pour les prochains films.
6. BIRDS OF PREY
- Sortie : 2020
- Durée : 1h49
Le résumé de Birds of Prey : Harley Quinn a été plaquée, et tous ceux qui détestent le Joker (mais ont trop peur de s’en prendre à lui) veulent faire payer l’Arlequinne pour les années de sévices du Clown auxquelles elle a participé de bon coeur. Pour s’en sortir, elle se retrouve dans une équipe de femmes badass qui ne s’entendent pas, mais ont toutes le même ennemi, Roman Sionis alias Black Mask.
Ce vilain excentrique envoie ses hommes de main à leur poursuite, ce qui leur permet de se défouler les phalanges, de confirmer leur super-sororité et de s’émanciper dans une explosion de couleurs, de sequins et de paillettes.
Pourquoi c’est une bonne surprise : On pensait que Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn serait un dérivé de Suicide Squad tout aussi défectueux, mais contre toute attente, le film ne manque ni de caractère, ni d’identité. Margot Robbie y est pour beaucoup, tant on sent la comédienne investie et amusée par un rôle cathartique qui lui laisse une grande liberté. De même, la promotion du film ayant peu mis l’accent sur l’action, on pouvait craindre que Cathy Yan ne soit pas la réalisatrice idéale pour mener à bien le projet.
C’était lourdement se tromper sur l’alliance qu’elle a formée avec Chad Stahelski, le réalisateur des derniers John Wick, qui est venu lui prêter main-forte pour concevoir et mettre en scène les bastons. Le mélange de grande technicité de ces dernières et leur tempo plus souple et fluide que les standards du genre confèrent au métrage une singularité inattendue, rehaussée par la direction artistique tape-à-l’oeil à outrance, mais cohérente et créative.
Pourquoi ce n’est pas non plus incroyable : Si la compilation de musiques pop et criardes met au défi n’importe quel tympan, c’est surtout avec son scénario simpliste que le film retombe dans de mauvais travers, tant il malmène son intrigue peu inspirée et ses héroïnes. Le film sous-emploie quelques-uns de ses excellents seconds couteaux (à l’image de Montoya), allant jusqu’à les abandonner en cours de route faute de temps avant le climax.
De même, vouloir présenter une équipe féminine affrontant deux types toxiques était une proposition comme une autre, mais le film ne parvient jamais à rendre tangible la menace que représentent Ewan McGregor et Chris Messina. Pire, il ne choisit jamais entre ridicule et dangerosité, trahissant qu’une partie de son féminisme revendiqué n’est pas grand-chose d’autre qu’une tentative opportuniste de surfer sur les débats sociétaux contemporains, sans forcément y comprendre grand-chose.
5. AQUAMAN
- Sortie : 2018
- Durée : 2h24
Le résumé d’Aquaman : Mi-homme mi-Atlante, Arthur alias Aquaman affronte son demi-frère Orm, qui en a tellement marre que les humains polluent les océans qu’il veut réunir les Sept Royaumes pour déclarer la guerre. Mais Orm est en réalité un petit méchant qu’il faut arrêter. Avec l’aide de Mera, Arthur va récupérer le légendaire trident du roi Atlan, pour devenir le roi qu’il est censé être. Il affronte Black Manta, réunit les peuples pour battre l’armée d’Orm, embrasse Mera, et épargne son demi-frère.
Pourquoi c’est une belle hallucination : Rien ne ressemble à Aquaman, et tant mieux. Avec un très gros budget et sans l’obligation de rester dans les clous du feu DCEU, James Wan a poussé tous les curseurs au maximum pour foutre le feu aux arcs-en-ciel hollywoodiens et rendre hommage aux comics. Ici, les fonds verts et CGI ne sont plus (mal) masqués pour un semblant de réalité et réalisme : ils sont étalés, entassés et multipliés jusqu’à l’overdose, pour assumer l’artificialité jusqu’à saturation totale. Pour les personnes dont les nerfs optiques n’ont pas renoncé au bout de 15 minutes, le spectacle devient alors incroyable et ahurissant.
Dans ces obsèques du bon goût (pensée pour ce travelling circulaire sur Arthur et Mera en plein climax), James Wan s’amuse comme un grand gamin, avec une caméra virevoltante et son savoir-faire habituel dans le découpage et le montage. De la baston avec Nicole Kidman dans le salon à la méga-baston finale, c’est d’une générosité parfois étourdissante. En 2h20, sur terre et sous l’eau, Aquaman enchaîne les poursuites et les affrontements, et multiplie les décors et les couleurs.
Dans un effort pour compiler un maximum de références, il convoque aussi bien Indiana Jones que Star Wars, Avatar, voire Jurassic Park le temps d’un instant. Et il n’y a qu’à voir la séquence dans la Trench, sous forme de petite parenthèse horrifique (grâce à la photographie de Don Burgess et la musique de Joseph Bishara), pour se dire qu’Aquaman est tout ce qu’un tel blockbuster devrait être : un pur plaisir.
Pourquoi c’est quand même compliqué : Aquaman est naturellement un cauchemar absolu pour quantité de gens, probablement encore traumatisés par ses couleurs, ses effets, ses perruques CGI et quelques choix douteux (Africa, par Toto). Pour toute personne qui n’adhère pas, les 2h20 seront forcément un calvaire.
Aquaman souffre aussi de toutes les tares du film de super-héros du genre : une intrigue cousue de fil blanc, une caractérisation des personnages aussi légère qu’un parpaing, des enjeux plus basiques que basiques, et beaucoup de blabla et seconds rôles dispensables. Black Manta s’en sort particulièrement mal avec une utilité proche du néant dans l’histoire. Mais le film évite au moins de forcer bêtement l’univers étendu avec une clé USB ou un caméo grossier.
4. JOKER
- Sortie : 2019
- Durée : 2h02
Le résumé de Joker : À Gotham City, la précarité et l’insécurité viennent peu à peu à bout du triste clown, Arthur Fleck. Victime d’une maladie lui provoquant des rires incontrôlables, il vit une existence de marginale auprès de sa mère. Lorsqu’il tue plusieurs agresseurs dans le métro, appartenant à Wayne Enterprise, il déclenche malgré lui une vague de colère populaire à l’encontre des classes aisées.
Arthur et Gotham sombrent alors simultanément dans la folie, le premier assassinant son idole à la télévision et les émeutes embrasant la seconde. Finalement, Arthur est arrêté puis interné en hôpital psychiatrique, mais nul doute que ces nouvelles entraves ne pourront retenir longtemps le Joker.
Pourquoi c’est le film le plus violent de l’univers DC : Si l’on pouvait soupirer d’avance à l’idée de voir un film opportuniste sur l’adversaire le plus populaire de Batman, le Joker de Todd Philips a, au contraire, renversé toutes les attentes. Sans jamais céder aux redites des iconiques interprétations de Jack Nicholson ou Heath Ledger, cette nouvelle incarnation du personnage (menée par Joaquin Phoenix) parvient à réaliser l’inimaginé : un film anti-héroïque dans son sens le plus désespéré.
La démence du Joker y devient son fléau et une synecdoque du malaise sociale caractérise Gotham, au point de s’étendre jusqu’à notre propre réalité. Plus question de ronger l’os du sociopathe chaotique et vicieux qui ne peut être arrêté que par un bienveillant milliardaire justicier. Arthur Fleck est dépeint comme le symptôme d’un mal plus enraciné dans la souche humaine, un tragi-comique clown dont les rires sont égaux aux larmes dans la confusion cauchemardesque du rêve américain. Une totale réussite juvénalienne et audacieuse qui a eu pour bonne idée de faire du cinéma plutôt qu’un produit DC sans peau, sans chair, ni cœur.
Pourquoi c’est pas totalement réussi : Souvent trop proche du cinéma de Scorsese sans pleinement s’assumer et peut-être trop enclin à l’auto-satisfaction, Joker reste une gemme imparfaite. On peut en apprécier toute l’esthétique sale et anarchiste (parfois punk), mais celle-ci cache malheureusement une certaine complaisance envers ses passions violentes.
Son amoralisme a aussi tendance à nous désorienter. Faut-il aimer, détester ou plaindre ce Joker ? Une intéressante complexité qui décampe lorsque le rock’n’roll s’en mêle et qu’Arthur Fleck devient un malfaiteur cool et rebelle plutôt qu’un triste sire mettant en scène sa propre chute. On en perdrait presque de vue, à force, le véritable antagoniste du film : la nature auto-destructrice de Gotham.
3. THE BATMAN
- Sortie : 2022
- Durée : 2h57
Le résumé de The Batman : Batman n’est le justicier de Gotham que depuis deux ans, et il fait face à un ennemi de poids : le Riddler. Après avoir assassiné le maire de Gotham, le tueur en série accumule les victimes et les jeux pervers pour mettre en lumière un complot compromettant les institutions de la ville.
Batman découvre, avec l’aide de Gordon et de Selina Kyle, que Gotham est sous le contrôle du mafieux Carmine Falcone. Le Riddler le tue et se fait arrêter, mais a le temps de déclencher un ultime attentat avec l’aide de fanatiques stoppés par le Chevalier Noir. Heureusement, Batman est plus fort que tout et parvient à régler la situation non sans mal.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs Batman : Par sa seule scène d’introduction du Capé Croisé, The Batman prouve que Matt Reeves a tout compris à Batman. En plus d’une voix off de film noir, le super-héros se définit par son rapport à l’obscurité, au travers d’une mise en tension qui le transforme en véritable boogeyman de film d’horreur. Robert Pattinson incarne à merveille cette version plus torturée de Bruce Wayne et de son alter-ego, qui reflète tout le désespoir d’un Gotham plus vivant que jamais. Le long-métrage renouvelle ainsi son rapport au politique, tant la corruption systémique fait perdre toute foi au peuple (et ancre l’ensemble dans une actualité brûlante).
Au-delà de ces considérations, The Batman possède surtout un écrin impérial de blockbuster exigeant. Sa photographie magnifique (qu’on doit au génial Greig Fraser) est toujours au service du regard de ses personnages sur leur place dans ce monde déliquescent. Des vues subjectives à ces lentilles de contact qui font office de caméra, le film de Matt Reeves oppose le point de vue du héros et de sa Némésis pour mieux mettre en scène leur voyeurisme. L’univers n’en est que plus tangible, en particulier dans les scènes d’action, où la caméra s’accroche de façon viscérale aux carlingues de voitures et au Bat-grappin.
Pourquoi il y a quelques couacs : On pourrait reprocher à The Batman sa durée de presque trois heures, qui tend à pécher par excès de zèle. Cette touche lancinante n’est d’ailleurs pas aidée par la narration et l’enquête, finalement cousue de fil blanc. Quelle surprise de découvrir après deux heures de film que le grand mafieux louche est bien celui qui tire les ficelles depuis le départ !
2. MAN OF STEEL
- Sortie : 2013
- Durée : 2h23
Le résumé de Man of Steel : Pour le sauver du méchant Zod et de Krypton qui explose, Jor-El envoie son fils Kal-El sur Terre. Élevé par Jonathan et Martha, qui lui conseillent de cacher sa nature alien, il grandit et devient beau et musclé (Henry Cavill donc). Et tandis qu’il cherche ses origines, Zod réapparaît pour terraformer la planète.
Superman le stoppe et le tue, après avoir détruit les 3/4 du centre-ville de Metropolis. Superman sauve le monde, mais le gouvernement américain est moyen rassuré. À la fin, Loïs sait que Clark est Superman, et il rejoint incognito le Daily Planet. « Welcome to the Planet« .
Pourquoi c’est un des meilleurs films Superman : Dès les premières minutes, avec ce petit air de space opera kryptonien sur la musique de Hans Zimmer, Man of Steel s’impose comme un généreux et épique morceau de cinéma hollywoodien. Zack Snyder plonge tête la première dans le cosmique des comics, et il y va à fond. De Smallville à Metropolis, l’homme d’acier est trimballé et jeté dans tous les sens, dans des scènes de pur spectacle. Découpage clair, montage efficace, direction artistique et effets visuels solides et cohérents : le savoir-faire est là.
Après l’écho nostalgique bizarroïde de Superman Returns, et dans la lignée de la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan (ici crédité producteur, pour le passage de flambeau), Man of Steel est un renouveau brut du super-héros, dont même les couleurs emblématiques ont été trempées dans le bain du réalisme désaturé. Zack Snyder propulse l’homme d’acier dans le nouveau millénaire, et lui redonne sa place méritée de super super-héros dans un blockbuster où il brille, vole, tape, aime, hurle, et se présente à nouveau au monde. Et Henry Cavill le porte à merveille sur ses larges épaules, au milieu d’un casting quatre étoiles (Amy Adams, Diane Lane, Kevin Costner, Michael Shannon, Russell Crowe).
Pourquoi c’est blindé de défauts : À la surprise générale de personne, Zack Snyder a la main lourde. Le scénario de David S. Goyer, pas particulièrement un as de la subtilité, est évidemment à la hauteur de ces excès. Quand il faut tuer papa Kent, c’est dans un élan de mélo absolument ridicule qui n’a aucun sens. Quand il faut ressortir l’imagerie christique de Superman, c’est souligné en fluo. Quand il faut mettre en scène le climax, c’est le destruction porn assuré, avec tout qui s’envole et explose pour être réduit en miettes.
Même la musique fantastique de Hans Zimmer subit le même traitement, en étant collée sur à peu près toutes les scènes jusqu’à saturation (ou migraine). Snyder veut un spectacle absolu, et pousse donc tous les curseurs au maximum… pour le meilleur et pour le pire. D’où la durée, un chouia excessive.
1. THE SUICIDE SQUAD
- Sortie : 2021
- Durée : 2h12
Le résumé de The Suicide Squad : La task Force X a laissé tomber les néons, mais elle reste la main armée sacrifiable de la cruelle Amada Waller. Sacrifiable, c’est le mot : pour prendre d’assaut l’île de Corto Maltese (aucun rapport), elle envoie à la mort un contingent entier d’anti-héros. Les survivants et l’équipe B devront mettre de côté leurs différends pour mener à bien leur mission, c’est-à-dire infiltrer un ex-laboratoire nazi où sont conduites des expériences probablement interdites par la convention de Genève. Ils finissent par s’affranchir de leur patronne tyrannique et sauver les locaux d’un énorme Kaiju.
Pourquoi c’est le meilleur : La percée de James Gunn dans l’industrie du blockbuster à collants est un authentique miracle hollywoodien. Échappé de la Troma (et autrefois partisan de ses traits d’humour les plus douteux, qui l’ont rattrapé… et lui ont permis de réaliser The Suicide Squad !), connu pour un pur délire horrifique plein de tripes, puis un film de super-héros qui les réduit au rang de meurtriers psychotiques, il a pourtant signé deux des meilleures productions Marvel, avant d’orchestrer pour DC une rédemption inespérée avec la vrai-fausse suite du navet Suicide Squad.
Dès cette séquence d’introduction lunaire, le cinéaste démontre son sens du tempo et pousse son concept dans ses retranchements, quitte à invoquer des personnages sur lesquels n’importe quel exécutif de studio qui se respecte aurait posé son véto (Weasel). Après ça, il fait ce qu’il sait faire de mieux : assembler une bande de bras cassés azimutés et dégager une forme d’humanité de leurs interactions maladroites, jusqu’à nous prendre à revers dans un climax épique et émotionnel. Sans négliger les gros monstres et les démembrements, bien entendu.
Ce plan d’Harley Quinn (enfin bien traitée), baignant dans le cristallin d’une étoile de mer géante envahi par les rats (!), point d’orgue d’un dernier acte alternant horreur japonaise et film de guerre américain à un rythme effréné, parvient à accomplir ce que des dizaines et des dizaines d’adaptations tentent d’accomplir depuis des années : encapsuler la générosité des plus belles planches de comic-book.
Pourquoi c’est pas si bien : Pas assez de Weasel.
Pour moi, le meilleur film DC reste la trilogie de Nolan.
Comme quoi les gouts et les couleurs, j’ai pas pu aller au bout de The suicide squad (2021) tellement j’ai trouvé ça bête. Pour moi The Batman en premier, Man of steel en deuxième et Joker en 3 , le reste va du très moyen au très mauvais.
Dans Flash, le seul truc à sauver, c’est la Supergirl que je trouve particulièrement mignonne.
SUICIDE SQUAD ( 2021 ) vous étés sur c’est pas une coquille c’est pas le meilleur mais le pire film dans cette liste.
1 MAN OF STEEL ( 2013 )
2 THE BATMAN ( 2022 )
Combien de millions de dollars dépensés pour faire cette fausse saga mal pensée, incohérente, souvent moche, et dont les seuls films à sauver sont hors classement ( Joker et The Batman) ?
Idem pour les acteurs, on se demande quand même, ce que sont partis faire dans cette galère, Cavill, Affleck ou Eisenberg.
Tout ça pour des scores risibles au box office en plus.
Dans les flops de l’année, il ne faut surtout pas zapp’ Gal Gadot : Heart of Stone, Fast X, Shazam 2 et The Flash. La quadriplette de l’enfer.
A part birds of prey sympatoche , joker correct et thé suicide squad bien branlé, tout le reste c’est poubelle. On verra ce que fait la nouvelle direction.
Globalement d’accord avec vous.
Tellement mérité pour The Suicide Squad.
Une grosse blague ce classement… Comme quoi, il est à la hauteur de vos critiques ciné… Juste médiocre (et le mot est faible).
Et voila…..
Voila pourquoi le monde va si mal…
On a la reponse en voyant ce classement…
Merci ecran large , vous etes doté d une integrité implacable.
Pas du tout influencé par la mediocrité de ce monde.
Mais…..
Le silence est d or et la parole est d argent.
Je vais donc bien fermer ma gueule.