Comme de nombreuses franchises américaines, la saga Alien a infesté quelques parcs d’attraction. Ou du moins elle a essayé, dans le cas de Disneyland.
Star Wars, Indiana Jones, Arthur et les Minimoys… Lorsqu’elles cartonnent aux box-office, les grosses franchises hollywoodiennes ont parfois droit à leur attraction. Les parcs Disneyland s’en sont même fait une spécialité, quitte à piocher chez d’autres studios, du moins avant que leur hégémonie sur le terrain du divertissement de masse ne les en dispense. Quel meilleur moyen d’attirer le chaland que de lui proposer de retrouver une marque qui déborde déjà de sa DVDthèque (oui, parce qu’on parle ici des années 90-2000) ?
La saga Alien, connue de tous et toutes, a logiquement été convoitée par plusieurs institutions du milieu – y compris Disney. Toutefois, elle pose un (très) gros problème : comment concilier le cinéma d’horreur et le public très familial de ces lieux touristiques ? Certains sont parvenus à le contourner… et d’autres non.
Un Alien à Disneyland
Une attraction Alien fut bien considérée par Disneyland, presque 30 ans avant que la maison-mère ne rachète la Fox et la licence avec. Pour comprendre comment Disney en est venue à avoir ce genre d’idées, il faut revenir aux années 1970 et 1980. A l’époque, Mickey traverse une mauvaise passe, économiquement et culturellement.
Quand Michael Eisner prend les commandes en 1984, il constate que les parcs, encore remplis de l’imaginaire de Walt Disney, mériteraient un petit coup de polish. Lui qui vient plutôt du milieu de l’audiovisuel, il entreprend une série de projets, pas toujours couronnés de succès (on lui doit notamment le fiasco d’Euro-Disneyland), mais indéniablement ambitieux.
Selon la légende, le grand manitou de l’entreprise aurait eu une épiphanie lorsque son fils adolescent a critiqué le Disneyland californien, jugé trop enfantin. Il faut dire qu’à l’époque, la concurrence commence à sérieusement s’équiper en montagnes russes à sensations.
LE TRAUMA ExtraTERRORestrial Alien Encounter
Le célèbre Star Tour étant une indéniable réussite, les Imagineers (concepteurs des attractions du parc) se payent donc les droits d’Alien quelques années avant la sortie du 3e volet. Ils imaginent une attraction nommée Nostromo, et qui propose aux visiteurs de parcourir le vaisseau du premier film dans des véhicules futuristes, armés d’armes laser. Un fantasme de fan… peut-être un poil trop effrayant pour un parc dont le rapport à l’horreur se limite pour le moment à la chanson infernale de It’s a small world.
Du moins, c’est la conclusion à laquelle en viennent des cadres. Il faut s’imaginer papa et maman confiant un flingue de l’espace à leur bambin en lui susurrant « va défourailler du xénomorphe, mon chou ». Toutefois, malgré son abandon, le projet va être recyclé et indirectement donner vie à une attraction bel et bien traumatisante, laquelle va défrayer la chronique au pays des rêves et des princesses : ExtraTERRORestrial Alien Encounter, à Magic Kingdom.
Ça reste à ce jour l’un des ajouts les plus controversés au parc et il va sans dire qu’il reste fortement influencé par la saga Alien. Il suffit de s’attarder un peu sur la carrure du monstre présenté à un public assis en amphithéâtre, monstre qui va évidemment s’échapper… et filer un beau PTSD à un nombre non négligeable de jeunes têtes blondes. Au point de ne fonctionner que 8 ans et se faire remplacer en 2003 par une attraction tirée de Lilo et Stitch. Retour à la normale.
Finalement, Disney a fait bon usage des droits de la saga en insérant Ripley et des xénomorphes dans The Great Movie Ride, parcours scénique retraçant plusieurs scènes célèbres de l’histoire du 7e art situé à Hollywood Studios.
This time it’s war
Ce n’est pas la seule attraction estampillée Alien à avoir vu le jour. Madame Tussaud a inauguré en 2017 un parcours à pied avec des acteurs, inspiré du récent Alien : Covenant. En 2004, le parc Dreamworld en Australie a ouvert un laser-game sur le thème d’Alien vs. Predator, répondant au doux nom de AVPX (Alien vs. Predator vs. You). Des œufs et la reine étaient présents dans le décor. Évidemment, le monstre a eu droit à son aventure en VR, Alien : Descent, dans le centre commercial The Outlets at Orange.
De toutes ces petites expériences, la plus célèbre reste peut-être Alien : War, débutée à Glasgow en 1992, sédentarisée à Londres et créée par les réalisateurs John Gorman et Gary Gillies.
Les spectateurs entraient par groupes de douze, accueillis par un Colonial Marine en chair et en os. Celui-ci les escortait lorsqu’une faille dans la section de quarantaine des xénomorphes était détectée. 20 minutes parait-il spectaculaires, où les douze chanceux étaient poursuivis par des animatroniques et de grands acteurs en costume à travers les décors iconiques de la franchise, baignant dans le sound design samplé d’Aliens : le retour. Malheureusement, elle s’est arrêtée en 1996, suite à une inondation.
ENTRE ALIENS ET MUPPETS
Les cinéphiles se consoleront avec les restes d’Aliens : Ride at the Speed of Fright, un film dynamique projeté à San Francisco, ainsi qu’à l’American Adventure Theme Park de Derbyshire, un peu à la manière de Star Tour. Argument suprême pour les amateurs de cinéma d’horreur : le marine qui sert de fil rouge est joué par Jeffrey Combs, irrésistible acteur de série B connu pour son rôle mémorable dans Re-Animator.
Le préshow expliquait les enjeux : un marine est de retour d’une embuscade tendue par des xénomorphes (appelés « Bugs »). Un autre peloton le force à revenir sur les lieux du carnage, la colonie Tekeah-3. On n’est pas au paroxysme de l’originalité… ni des effets spéciaux.
Comme c’est souvent le cas pour ce genre d’attractions, le film est constitué d’un mélange d’extraits d’Aliens et de prises de vue effectuées pour l’occasion, forcément un peu moins soignées. D’autant que l’engin censé transporter le spectateur déboule au beau milieu d’une ruche et fonce droit sur une reine qui tient plus du muppet que du monstre interstellaire.
Il n’empêche que ces 20 minutes suintent de générosité et d’amour pour le classique de James Cameron, entreprenant de le speed-runner à vitesse grand V, avec chutes et jump-scares garantis. Une friandise idéale pour les inconditionnels de Weyland-Yutani, présente en bonne qualité dans les bonus du coffret Blu-ray.
Malheureusement, étant donné la politique de Disneyland et de la plupart de ses concurrents, ce genre d’attraction ne risque pas de trouver d’équivalent de sitôt. Pourtant, les technologies contemporaines pourraient faire péter le trouillomètre. Qu’attendent donc les gros parcs européens pour commander un dark ride Intamin avec drop track, truffé de xénomorphes et dégoulinant de sang acide ? On sera les premiers dans la file.
Moi je m’étais fait une attraction Aliens à Londres en 1999.
C’était bien rigolo.
https://avp.fandom.com/wiki/Alien_War
Ayant expérimenté l’attraction ExtraTERRORestrial Alien Encounter en 1997, je dois dire que je n’en garde pas un bon souvenir. Bien que certains criaient durant l’expérience, pour moi, cela n’avait rien de réellement terrifiant. C’était plutôt un mélange maladroit des effets spéciaux de Chérie, j’ai rétréci les gosses et de la mise en scène bancale d’Armageddon à Disneyland Paris.
L’attraction aurait davantage eu sa place du côté de MGM Studios, mais il est clair qu’elle ne faisait pas vraiment peur, à moins que l’on soit sensible aux chatouilles ou aux éclaboussures d’eau. Ce n’est pas ce que j’appelle une expérience immersive dans le noir.
En comparaison, The Great Movie Ride offrait une véritable ambiance immersive, et le passage avec l’Alien était spectaculaire. On ressent aujourd’hui un vrai manque de ce genre d’attractions à Disney. D’ailleurs, Disney aurait pu proposer une attraction Alien avec des pistolets laser, un peu comme MIB à Universal, mais en version plus sérieuse. Cela aurait sans doute mieux fonctionné à MGM Studios.