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The Crow : un bide monumental pour le remake, et nouveau coup à Lionsgate après Borderlands

Par Mathieu Jaborska
4 octobre 2024
MAJ : 23 octobre 2024
The Crow : un bide monumental pour le remake, et nouveau coup à Lionsgate après Borderlands © Canva Metropolitan Filmexport

Projet maudit resté coincé en developpement hell pendant des années, le remake/nouvelle adaptation de The Crow s’est sans surprise complètement planté au box-office.

Cela fait si longtemps qu’il a été annoncé, tellement de réalisateurs se sont frottés au projet, tellement d’acteurs se sont rêvés dans le rôle-titre qu’on ne l’attendait plus. Et pourtant, The Crow nouvelle génération est bien sorti le 21 août 2024 en France, avec Bill Skarsgård dans la peau du personnage torturé d’Eric et FKA Twigs dans celle de sa dulcinée Shelly. Le tout supervisé par Rupert Sanders, déjà responsable du remake de Ghost in the Shell.

Difficile pour une telle arlésienne de faire concurrence aux cadors du marché, et ce n’était pas forcément son but. Bénéficiant d’un budget loin des enveloppes maousse des blockbusters estivaux, The Crow n’avait pas besoin de braquer le box-office pour satisfaire son distributeur Lionsgate. Mais son score final n’est même pas à la hauteur de ses modestes ambitions. Retour sur le parcours d’un film qui a échoué à faire ressusciter sa saga.

Nous après avoir vu le film

The Crow : Dead Times

The Crow, l’original, s’il est devenu culte avec le temps, n’avait pas fait complètement sauter le box-office. Il faut dire que le choix de continuer le film malgré la mort de Brandon Lee lors du tournage (ce qui impliquait notamment l’usage complexe de doublures) aurait selon Entertainment Weekly ajouté 8 millions de budget aux 15 millions initiaux. L’adaptation sortie en 1994 du comics de James O’Barr a donc couté à peu près 23 millions de dollars, ce qui en faisait une série B assez luxueuse d’autant qu’elle était classée R.

En tout, elle avait récolté plus 50 millions de dollars, principalement à domicile, ce qui la plaçait au-dessus de la plupart des films d’horreur de l’année, mais constituerait aujourd’hui un bilan mitigé. Sauf qu’au milieu des années 1990, le marché de la vidéo était très, très lucratif. Et avec le DVD sur le point de lui conférer son âge d’or, il a du toucher le jackpot. C’est triste, mais la mort de Lee et l’aura qu’il a acquise grâce au drame ont dû jouer en sa faveur.

À jamais immortel

Si son objectif était de le battre, ne serait-ce que lors de son exploitation salles, le remake a échoué lamentablement. En tout, il a amassé 23 millions de dollars… soit l’équivalent du budget de son modèle et moins de la moitié de son magot, même sans prendre en compte l’inflation, qui le ferait dépasser les 100 millions. Une douche d’autant plus froide que ce remake a couté lui 50 millions de dollars, ce qui en fait une production dite « mid-budget » à Hollywood, mais tout de même un bide monumental.

Détail révélateur : il s’est fait atomiser par Blink Twice, sorti la même semaine, lequel a fini par amasser plus de 46 millions. Sachant que le film de Zoë Kravitz a, lui, couté aux alentours de 20 millions de dollars et n’appartient à aucune licence.

Bien s’habiller pour assister à l’enterrement de la licence

C’est crow injuste

Avec moins de 10 millions de dollars glanés sur le territoire américain et surtout une chute de plus de 60% en deuxième semaine, le film a pâti des critiques assassines, mais surtout d’un désintérêt évident pour la franchise (qui avait déjà connu des suites au rabais à l’époque) de la part du grand public. Son sort a vite été scellé : lors de son 3e week-end, il a perdu 2456 salles sur 2752 et donc 92,8% de fréquentation. Une semaine après, le 13 septembre 2024, il était jeté en pâture aux services de SVoD.

Il faut dire que The Crow est de ces productions qui sortent presque par défaut, au terme d’une longue gestation qui a probablement couté très cher aux studios avant même de signer le chèque de 50 millions. Prévue de très longue date, à une époque ou un nouveau remake était produit tous les quatre matins, cette prétendue nouvelle adaptation est complètement anachronique.

Faut pas se voiler la face

Certes, elle s’inspire d’un comic-book. Mais son anti-héros est difficilement comparable aux surhommes qui continuent à truster le haut du box-office. Qui plus est, il est loin le temps où la super-héros mania était si puissante que même des personnages inconnus du grand public pouvaient tirer leur carte du jeu. La promotion a, en désespoir de cause, joué simultanément la carte de la violence post-John Wick et de viralité contemporaine (encore rarement maitrisée par les majors).

Côté français, il a attiré 131 567 curieux dans 395 salles. Encore une fois, c’est une bien piètre performance… et un démarrage à la 15e place du classement, là aussi derrière Blink Twice.

Shoegaze de circonstance

La part du lion

The Crow entache la carrière d’à peu près tout le monde, de Rupert Sanders, qui s’était déjà planté avec Ghost in the Shell, à FKA Twigs, qui n’avait joué que dans un seul long-métrage auparavant, Honey Boy, pas un grand succès non plus. Mais les deux plus gros perdants sont sans doute Bill Skarsgård, qui a connu un autre méga-bide à la même période avec Boy kills world, et bien entendu Lionsgate, le (très) gros perdant de l’été 2024.

Nous en avions déjà parlé au moment de compter les pots cassés, mais le distributeur se relevait à peine du bide apocalyptique de Borderlands quand il a encaissé ce nouveau cataclysme. C’est bien simple, on se demande comment la firme tient encore debout, tant elle enchaine les fours.

« I fucking hate this box-office »

Bien qu’elle ait connu quelques petits succès avec Saw X et le dernier Hunger Games, elle a enchainé Le Ministère de la Sale Guerre, Boy kills world, Borderlands, The Killer’s Game, Mother Land et désormais Megalopolis, ce dernier entrant tout droit dans les annales du box-office, pas pour les bonnes raisons. Et quand on sait que son catalogue comprend encore le spin-off de John Wick (contraint par de gros problèmes de production) ou le prochain Mel Gibson, on n’aimerait pas être à la place de ses exécutifs.

Une débandade à nuancer, car comme le rappelle Variety, la plupart de ces productions sont distribuées sur le territoire nord-américain uniquement. Dans le cas de The Crow, elle aurait claqué « seulement » 10 millions pour assurer la diffusion. Étant donné qu’il n’a même pas remboursé cette somme au box-office domestique, ça reste une très mauvaise opération et un choix d’achat discutable. L’été 2024 n’aura décidément pas été tendre avec les franchises qui n’avaient pas la force d’attraction nécessaire. La preuve qu’il faut changer de modèle ?

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Commentaires
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dacirussuricad

Un honte ce film.. franchement le réalisateur doit changer de métier c’est pas possible..le scénario n’en parlons pas..une grande déceptions.

davidhassholeoff

Ils étaient prévenus, ils savaient que faire un remake de la première histoire de the crow était une mauvaise idée, ils n’ont rien voulu écouter…. Voilà le résultat…. Pour faire ce genre de film et que ça fonctionne il faut en faire un film d’auteur avec un réalisateur qui respecte l’œuvre…

slimshady71200

En même temps s’ils arrêtaient d’adapter des œuvres de mer** (bordel land) et qu’ils arrêtaient de massacré des licences mythique… Parce que ce the crow est de très très loin le plus mauvais de tout les films, fallait réussir cet exploit quand-même quand ont vois la qualité médiocre du 3eme et 4eme films…. Faire un Eric wesh wesh qui ressemble plus a un joker version wish, qui est lui-même pas un personnage de fou à la base, forcé le wokisme en mettant une noir métisse (ont sais très bien quelle est là pour remplir le quotas woke) et littéralement pissé sur le lore et la mythologie de the crow fallait pas s’attendre à un succès, c’est a ce demandé si les réal ont un cerveau et s’ils ont regardé les précédentes œuvres…