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Joker 2 : que signifie cette fin (et pourquoi ce serait une très mauvaise idée pour DC) ?

Par Owen Carrel
5 octobre 2024
MAJ : 23 octobre 2024
Joker 2 : que signifie cette fin (et pourquoi ce serait une très mauvaise idée pour DC) ? © Warner DC

Parmi les (nombreux) problèmes de Joker 2, il y a la fin, qui tombe peut-être dans un gros piège. Explications.

ATTENTION SPOILERS !

Après le succès éclatant (et inattendu) du premier film en 2019, une suite de Joker semblait inéluctable, alors même que le réalisateur Todd Philipps a longtemps rejeté l’idée. Cinq ans plus tard, le très décevant Joker : Folie à Deux a ainsi vu le jour. La recette miracle du premier volet a volé en éclat, pour un résultat très brouillon.

Au moins une chose qu’on peut difficilement lui reprocher : Joker 2 conclut l’histoire d’Arthur Fleck, anti-héros malheureux du récit devenu icône populaire malgré lui. Mais cette fin assez définitive est assez révélatrice des incertitudes du projet, et pose un problème sur son traitement du légendaire Clown Prince du Crime de DC.

Joker 2 : Joker Begins

Depuis l’annonce du premier film, cette question taraude les fans de DC : Arthur Fleck est-il le Joker qui affrontera Batman dans le futur ? Certes, The Batman a dévoilé en parallèle son propre Joker, incarné par Barry Keoghan dans une scène de teasing. Mais celui de Joaquin Phoenix possède bien un lien assez personnel avec les Wayne, et a même rencontré le jeune Bruce dans le film sorti en 2019.

A la fin, il était interné à Arkham et érigé en héros du peuple de Gotham. On aurait pu penser qu’Arthur Fleck allait sombrer dans son alter ego, et devenir l’antagoniste connu de tous.

Cependant, le long-métrage insistait déjà lourdement sur les limites mentales et physiques de ce Joker, plus pathétique que monstrueux. Joker ne racontait pas vraiment l’origin story du célèbre ennemi de Batman, mais plutôt la descente aux enfers d’un individu perturbé, devenu catalyseur d’une révolution. Un postulat assez fascinant, qui ne demandait pas vraiment une suite l’explicitant.

Problème : Joker : Folie à Deux est finalement sorti en salles.

Être ou ne pas être le Joker, telle est la question…

JOKER EST MORT, VIVE JOKER ?

Le deuxième volet de cette vraie fausse franchise rétropédale quelque peu sur l’ambiguïté de son prédécesseur concernant la figure du Joker. En effet, dans les derniers instants du film, Arthur Fleck, de nouveau enfermé à Arkham, est brutalement assassiné par un autre prisonnier.

Alors qu’Arthur se plonge une dernière fois dans un monde imaginaire, son meurtrier rit aux éclats… puis grave un sourire de sang sur son visage à l’aide de son surin. On a connu métaphore plus subtile.

Joker 2 démystifie donc la question du premier film : Arthur Fleck n’est pas le Joker, apparemment. À en croire ce que sous-entend le film, le vrai Joker est un fou à l’asile d’Arkham, manifestement obsédé par Fleck et déçu de le voir abandonner sa double identité. Désireux de boucler la boucle, Todd Philipps est donc tombé dans le seul piège qu’il avait jusque-là méticuleusement évité : donner une origin story au Joker qui affrontera Batman.

Réponse : ne pas être le Joker

JOKER DE LA MAUVAISE IDÉE

Adapter un personnage aussi complexe et ancien que le Joker est déjà une tâche particulièrement difficile. Todd Phillips et son co-scénariste Scott Silver avaient assez brillamment relevé le défi dans Joker, puisqu’ils gardaient volontairement floue l’intention du film par rapport au plus célèbre des méchants de comics.

Arthur Fleck pouvait être amené à devenir le Joker tel qu’on l’imagine… ou simplement inspirer un futur individu désireux de marcher dans ses pas. Il était l’agent du chaos dans son prolongement d’une colère populaire et violente, complètement imprévisible, au point de tuer en direct à la télévision un célèbre présentateur de talk show.

Dans Folie à Deux cependant, Fleck abandonne son alter ego et se livre à la justice, étant finalement réduit à sa nature pathétique qui le caractérise depuis le départ. Sa mort aux mains de celui qui semble être le véritable Joker répond ainsi plus à une logique de franchise, obligée de se raccrocher à l’univers DC.

The Killing Joke, chef d’œuvre qui avait déjà en partie inspiré le premier film

The Killing Joke

Et démystifier le Joker, ce n’est jamais une très bonne idée. Certains auteurs de comics ont essayé de le faire, parfois avec brio comme Alan Moore dans The Killing Joke, qui présente une origin story potentielle du Joker, mais clairement racontée par un narrateur indigne de confiance.

Côté films, si le Batman de Tim Burton était limpide sur le sujet (un gangster tombé dans l’acide), l’une des grandes réussites du Joker de Heath Ledger dans The Dark Knight était son origine changeante, le personnage jouant allègrement de ce mystère.

heath ledger the dark knight joker
Joker du mystère

On pourrait presque rapprocher la voie choisie par Folie à Deux de celle de la série Gotham de Fox. Dans celle-ci, les facettes du Joker (qui ne pouvait pas être directement référencé pour des questions de droits) sont représentées successivement par des frères jumeaux.

Le premier, Jerome, est un psychopathe haut en couleur et délirant, quand le deuxième, Jeremiah, est plus calme et calculateur. Une idée un peu grotesque, vous en conviendrez, mais qui peut être mise en parallèle avec la figure d’Arthur Fleck, sorte de « proto-Joker ».

Voir Gotham juste pour la performance complètement tarée de Cameron Monaghan

Le problème ici, c’est qu’après avoir joué avec l’idée qu’Arthur Fleck soit le Clown Prince du Crime, Folie à Deux réduit l’antagoniste à un vulgaire psychopathe enfermé à Arkham – du moins, c’est ce que semble raconter la fin. C’est un être fou à lier, dont l’obsession pour Arthur est montrée dans le film au travers de quelques plans, sans vraiment interroger sa philosophie du chaos ou même sa façon de penser sa propre folie.

En bref, le plus fascinant des antagonistes de DC perdrait tout ce qui le rend fascinant, et c’était ce que le premier film cherchait à tout prix à éviter. Joker montrait bien la mort des parents de Batman, mais en la plaçant en même temps que la consécration du Joker, liait de manière plus maligne les deux personnages, et posant les bases de leur futur affrontement. Un travail effacé par la fin de Joker : Folie à Deux, même s’il fallait s’y attendre.

Prochaine étape possible : que l’équipe de Joker 2 remette en question l’identité finale du Joker en commençant à détailler la fin, pour réagir face aux fans. Mais la note d’intention semble assez claire, et c’est la dernière des nombreuses déceptions qui accompagnent le visionnage du film.

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1977-2009 RIP Movies

Depuis la décennie dernière, le cinéma est mort par la surdose de reboot, remake et suites complètement pétée tel que les Alien, Mad Max, Batman (Joker ici), Star Wars, Rocky (à travers : Creed), voir même le très raté PREY (le Predator façon Disney), les Terminat-horror Fast & Furious, Avatar 2, le navet qui apporte rien et un Indiana Jones médiocre me fait désespéré davantage…
Il se peut que Gladiator 2 va être pété aussi, il n’y a plus d’idées. Le fait de le sortir 24 ans après, démontre aussi le désespoir de l’industrie

Le cinéma est mort depuis 2009, dont les derniers films comme Avatar 1, a atteint son paroxysme depuis la sortie de Star Wars Ep4 en 1977, qui a ensuite inspiré Alien en 1977, puis ensuite une avalanche de films dans la foulée entre les années 80 jusqu’à à la fin des années 2000.

Une anomalie, s’est produite depuis que les studios ont été acheté par de grands groupes qui ne voient que les quotations boursières, dirigés par des actionnaires prêts à quitter le navire comme des rats lorsque le Titanic coule …

Voici le mal de beaucoup d’industries, y compris les Jeux vidéo. comme Ubisoft dans la tourmente en sont les causes …

Vincent Terranova

Tout ça pour ça !? Ouais, bon, on oublie et on passe à autre chose.

Flo1

Mais non, ce qu’on voit c’est juste que le Joker est une idée, qui contamine les gens et Gotham.
Batman sera son antidote… sauf que ça, on le comprenait déjà dans le premier.

dutch

Tout ce que j’ai lu sur le film, y compris des spoilers ne me donnes absolument pas envie de le voir…j’étais déjà sceptique à l’annonce de cette suite.

Todd Phillips fait en tout cas l’unanimité :

-Que ce soit les critiques pros, ou les fans du 1er film, pratiquement tout le monde déteste le film, et il fais un démarrage à 7 millions bien en dessous du 1er.

Merci d’avoir tout saborder Todd, et vas nous faire un Very Bad trip 4.