Qu’y a-t-il de plus noble qu’un Elfe, de plus bourrin qu’un Nain sur-armé, de plus respectable qu’un Mage millénaire et de plus redoutable qu’un Orc ? Rien, si ce n’est peut-être la bande-dessinée qui les rassemble tous : Les Terres d’Arran.
Les Terres d’Arran se sont déployées au gré d’une soixantaine de bandes-dessinées en seulement quelques années. Fresque pharaonique de l’éditeur Soleil, elle constitue à la fois un hommage ample aux grandes heures de la tradition heroic fantasy, ainsi qu’une proposition originale d’en décliner les piliers à un art de la narration plus contemporain.
Tandis que Mages tome 5 ainsi qu’Orcs & Gobelins tome 13 paraissent ce 23 juin 2021, il est temps de nous immerger profondément dans Les Terres d’Arran.
PLEIN SOLEIL
Les années 2010 ont vu le succès planétaire du Marvel Cinematic Univers. Mais s’il y a un domaine qui n’a pas attendu le règne de Disney pour s’essayer à l’invention de mondes entiers, c’est bien celui de la fantasy. Un terreau fertile que la bande-dessinée hexagonale explore depuis longtemps, et Les Terres d’Arran en est une vibrante illustration.
Entre l’anthologie, l’univers partagé et le world building, cette création constitue un des projets les plus ambitieux et euphorisants de Soleil à ce jour. Désormais incontournable dans le paysage du 9e art, rompu aux codes de la fantasy, l’éditeur propose ici une épopée aux innombrables facettes qui nous immerge dans un décor à la fois extrêmement référencé et constamment repensé à l’aune des références contemporaines du genre.
Les Na’vis ont de la concurrence
Dès 1994, Soleil s’est forgé une solide réputation auprès des lecteurs en mal d’heroic fantasy grâce à Lanfeust de Troy. Un succès populaire fulgurant qui fit énormément pour la démocratisation de codes, et leur adoption par le plus grand nombre. L’œuvre imaginée par Christophe Arleston et Didier Tarquin était résolument moderne, fruit d’un héritage né avec les écrits de Tolkien, et hybridé par des années de culture pop, de serials et de pulps.
Presque trois décennies plus tard, Les Terres d’Arran prolonge et repense cette ambition, en retournant aux racines de mondes maintes fois visités, empreints d’un panache nouveau.
Les nains sont parfois susceptibles
LA TERRE DES MEILLEURS
Préciser que les écrits de J.R.R Tolkien sont à l’origine d’un genre aussi vaste que puissant tient de la tarte à la crème, mais à l’heure où la fantasy n’a jamais connu autant de déclinaisons, il n’est pas si absurde de le rappeler. La notion mute selon les formats (écrits, dessinés, télévisuels, vidéoludique), les modes ont vu la naissance de sous-genres tels la dark fantasy ou des œuvres s’aventurer du côté du steampunk, quand un Stephen King s’est plu à dynamiter l’essentiel des règles usuelles avec La Tour sombre.
À ce titre, Les Terres d’Arran fait figure de formidable tribut payé à la fantasy des origines. On y retrouve l’essentiel des peuples démocratisés par l’auteur britannique puis Donjons & dragons. Elfes, Nains, Mages, Orcs et Gobelins sont donc de la partie, et chacune de ces races existe à travers une collection éponyme dédiée aux odyssées vécues par les représentants de son peuple.
Les elfes rouges aussi ont leurs Tremors
L’aventure a débuté avec la série Elfes, dont les bases ont été posées par Nicolas Jarry et Jean-Luc Istin, romanciers et scénaristes, qui ont d’abord exploré les civilisations elfiques, s’arrêtant notamment sur des Elfes bleus particulièrement intrigants et riches d’une mythologie maritime très bien exploitée. Mais leur formidable créativité ainsi que l’ambition de Soleil a rapidement permis d’engendrer un monde d’une incroyable complexité. Une orientation qui fait la part – très – belle à la voix off, et situe d’entrée de jeu la BD dans le champ de son héritage littéraire.
Rapidement enrichi des races nommées ci-dessus, le rythme de publication s’est intensifié, comptant parfois plus de 12 numéros par an. Une gageure invraisemblable, compte tenu de la qualité très homogène des bandes-dessinées, qu’on doit à David Courtois. Il y officie en qualité de chef d’orchestre, veillant à la cohérence perpétuelle de l’univers et à la finesse des interconnexions entre les innombrables récits qui composent la trame des Terres d’Arran.
On s’amusera d’ailleurs à constater que si les piliers de cet univers découlent directement de l’imaginaire de Tolkien, les intrigues qui s’y déroulent sont souvent plus surprenantes. On pense bien sûr à un récit mettant en scène un jeune Orc découvrant un artefact qui n’est pas sans évoquer un certain Bilbo mâtiné de Death Note, ce qui s’avère des plus rafraîchissant.
Un monde gigantesque à parcourir
UNE GRANDE PETITE HISTOIRE
Autre raison de se pencher sur ces récits de fantasy à la densité impressionnante : le choix de multiplier les portes d’entrée. En effet, plutôt que de narrer simultanément plusieurs grands arcs narratif, Soleil a opté pour une approche plutôt singulière, en multipliant les récits en apparence autonomes. Un choix radical, qui permet d’explorer chaque coutume, peuple ou tradition en profondeur, et de donner à un moment ou à un autre, à chaque culture une vie autonome.
Le résultat est souvent vertigineux, comme en témoigne la politique complexe et cruelle des Elfes, mais aussi les dissensions entre Nains, ou encore la condition violente des Mages, à la fois êtres puissants et colosses aux pieds d’argiles, tant les autres races d’Arran ont œuvré pour les dominer. Ces lignes narratives se répondent et trouvent maints échos, qui permettent plus d’une fois de redoubler le sens ou les enjeux des mésaventures que traversent nos anti-héros, dont plus d’un semble trempé dans l’acier forgé qui présida à la réalisation de La Chair et le sang. Et pour fêter tout cela dignement, vous retrouverez à cette adresse un jeu concours lancé le 24 juin 2021, qui vous permettra de vous repaître des Terres d’Arran.
En multipliant les héros au gré d’aventures individuelles (ou en petits groupes) les bandes-dessinées permettent en outre aux lecteurs d’aborder la saga par la porte qu’il souhaitera, ces récits pouvant s’appréhender séparément, indidivudellement ou de manière entremêlée. Dès lors, naviguer à travers cette géographie, ses mythes et ses grandes figures devient non seulement aisé, mais particulièrement ludique.
Une île bien moins tranquille qu’il n’y paraît
Bref, pour familier que soit l’univers où se déroulent les innombrables péripéties qui nous sont proposées, il ne cesse de se réinventer et de nous proposer de nouvelles faces, toujours surprenantes et plutôt bien pensées.
Ceci est un article publié dans le cadre d’un partenariat. Mais c’est quoi un partenariat Ecran Large ?
Et pour celles et ceux qui souhaitent explorer davantage l’univers il y a le jeu de rôle chez black book éditions
Univers très riche mais des épisodes inégaux. Du très très bon au passable
Des personnages emblématiques parmis les différentes races qu on aime retrouver au fil de certains épisodes
Une préférence pour les titres de Jarry
/Goux (scénario et illustrations)
un très bon univers. il faut féliciter les auteurs. Certes, y a des albums qu’on va préférer à d’autres, mais il y a un tout cohérent. A titre perso, je préfère les Nains et particulièrement les titres écrits par Jarry.
Je me demandais quand alliez vous parler de cette saga.
Personnellement j’aime beaucoup, l’univers est vraiment très bien développé, notamment à travers les différents point de vue (Elfes, Orcs, Nains…).
J’ai lu quasiment toute la saga « Elfes » et « Nains », un peu de retard sur « Orcs / Gobelins ». Je n’ai pas commencé « Mages »
Les deux reproches que je pourrai lui faire sont :
– le manque d’originalité de certaines histoires. Elfes, Nains et Orcs parfois très clichés (mais c’est le style « fantasy » qui veut cela). Et une partie de l’histoire des Elfes basée sur des « cristaux » (là encore dû au côté « fantasy »)
– la multitude des histoires et des points de vue qui peuvent en perdre certains (moi y compris parfois).
Surtout à travers l’histoire des Elfes, qui explore les 5 races (Bleus, Verts, Rouges, Noirs et Blancs).
Je ne connais plus l’ordre exact, mais par exemple, pour une histoire d’Elfes Bleus au tome 1, la suite direct sera le tome 6.
Les tomes 2, 3, 4 et 5 étant consacrés aux autres races. Cela donne donc 1 => 5, 2 => 6, 3=< 7, etc... Même si parfois les arcs scénaristiques s'entremêlent pour donc donner une histoire commune à toutes les races. Il faut donc relire les tomes correspondant afin de se rafraichir la mémoire.