Des scientologues dans l’avion
Le garage, l’avion, le blouson, la moto, le thème musical : difficile de ne pas jubiler devant le musée des années 80 qui s’offre à nous dans les premières minutes de Top Gun : Maverick. Qu’on aime ou non le film matriciel de Tony Scott, c’est toute une époque de cinéma que cristallise cette suite tardive, à tel point qu’il semble ardu d’émettre un regard critique sur cet ensemble de reliques qu’on nous ressort comme un énième doudou nostalgique.
À l’instar des derniers Star Wars, Jurassic World et autres Stranger Things, une telle démarche était néanmoins vouée à précipiter ce Top Gun 2 dans la médiocrité complaisante du “c’était mieux avant”. Mais il ne faut jamais sous-estimer la diva Tom Cruise et son ambition, qui amènent cet étrange objet de blockbuster dans une direction beaucoup plus réflexive et fascinante.
D’une part, l’acteur et producteur star évite le piège du simple coup de peinture censé rafraîchir une façade intacte. Il faudrait être de sacrée mauvaise foi pour ne pas voir le coup de vieux presque touchant pris par le Top Gun original. Hormis ces effets de style clippesques dont l’impact sur leur époque n’a d’égal que leur ringardise, le long-métrage est toujours émaillé d’une certaine idée de la masculinité toxique, et plus généralement d’une vision très macho d’une Amérique triomphante, souvent portée en étendard par Don Simpson et Jerry Bruckheimer.
Certes, de nombreuses lectures incitent désormais à voir dans le film un piratage amusé de Tony Scott, qui barde ce scénario faisandé d’une puissante imagerie homoérotique. Si sa suite se montre beaucoup plus asexuée, Tom Cruise se réapproprie volontiers son ambiguïté insouciante pour mieux la remettre en perspective. Face à la stagnation, voire régression, de franchises qui obligent Han Solo ou les Ghostbusters à avoir les mêmes costumes et les mêmes motivations qu’il y a quarante ans, Top Gun : Maverick fait justement de son héros un grand gamin qui refuse de grandir et de gravir les échelons de l’armée, pour mieux l’obliger à évoluer.
Resté au rang de Capitaine pour s’assurer d’être envoyé sur le terrain, Maverick est présenté comme un dinosaure arriéré, surtout à l’heure où les drones remplacent les pilotes. Son goût du risque et de la vitesse, à la fois caractéristiques du personnage et de son interprète, se télescopent dans une mise en abyme qui afficherait leur obsolescence supposée. Pourquoi s’obliger à piloter des avions de chasse quand des fonds verts peuvent suffire ? Eh bien parce qu’on peut !
Automographie
De là résulte toute la beauté de ce « Tom Cruise Movie » ultime, où le comédien use de son sourire Colgate et de son regard de braise (qui sert d’ailleurs de running-gag) pour mieux se mettre à nu. Maverick regrette les erreurs de son passé, qu’il s’agisse de sa culpabilité face à la mort de son ami Goose ou de ses relations souvent problématiques avec les femmes (explicitées par le très beau personnage de Jennifer Connelly).
Pas étonnant que la star se soit une nouvelle fois octroyée les services de Christopher McQuarrie (son script doctor attitré et réalisateur de Mission : Impossible 5 et 6) pour mettre en exergue ces fantômes d’une autre époque. Avec une jolie lucidité, le scénariste ne cesse de faire de Cruise une figure mélancolique et frustrée, dont les prouesses physiques et cinématographiques ne peuvent pas pour autant remonter le temps.
Top Gun : Maverick prend ainsi la forme étonnamment touchante d’un récit de rédemption, où le héros a l’occasion de réécrire à sa manière l’histoire en prenant sous son aile le fils de Goose, incarné par un Miles Teller qui arbore la même moustache. Ce miroir déformant, couplé au conflit de générations que le film façonne avec sa bande de jeunes pilotes, laisse soudainement songeur : si Tom Cruise est loué depuis des années pour être la dernière action star exigeante, fuyant les modes hollywoodiennes pour construire une légende qui n’appartient qu’à lui, peut-il réellement passer le flambeau, et jouer les professeurs ?
Le long-métrage trouve dans cette interrogation sa plus belle qualité, mais aussi sa limite principale, car à force de chasser le naturel, ce dernier revient en dépassant le mur du son. Quand bien même sa dimension de film d’entraînement est bien plus stimulante que dans le premier opus, Top Gun 2 souffre d’un rythme en dents de scie, qui ne peut pas fuir sa conclusion logique : Maverick reste un homme d’action, incapable de rester passif dans un dernier acte dont il doit prendre le contrôle.
L’idée est lourde de sens, et appuie plus que jamais la générosité d’un artisan de cinéma prêt à mourir pour son art. Dans la continuité de ses cascades folles sur les derniers Mission : Impossible, Cruise redéfinit avec Top Gun : Maverick la notion de grand spectacle, portée ici par un vrai point de vue de mise en scène à l’intérieur de cockpits d’avions lancés à pleine vitesse, et non sur l’expansion toujours plus grande de CGI sans âme.
Vol du cygne
Voilà ce qui fait de la star l’une des dernières grandes icônes du septième art : sa compréhension intrinsèque de la force d’évocation d’un plan. Pas besoin de longs mouvements de caméras numériques improbables, mais au contraire d’un objectif dont on ressent la physicalité dans l’espace diégétique. Cruise a ici l’idée de génie de confier la mise en scène du film à Joseph Kosinski, qui a prouvé avec Oblivion (mais surtout avec Tron : L’Héritage) son talent pour la mise en valeur de décors au sublime désarmant.
De la symétrie de la Grille de Tron aux forêts de Line of Fire, la formation d’architecte et d’infographiste du cinéaste l’a aidé à strier sa mise en scène de lignes harmonieuses, en particulier avec un horizon perçu comme la frontière de tous les possibles. En liant de la sorte une géométrie naturelle à sa transposition dans les techniques humaines, Kosinski renvoie l’homme à son environnement, et à sa volonté de transcender son exploration. Or, c’est exactement ce que cherche Tom Cruise lorsqu’il se filme en train de zigzaguer dans un canyon, et que la ligne d’horizon se voit retournée dans tous les sens au fil des loopings.
Les jeunes en marche avec Cruise
Par la simplicité de raccords dans l’axe sur le visage de ses comédiens, ou par des téléobjectifs qui cherchent tant que faire se peut à suivre ses F-18, Top Gun : Maverick jouit de l’épure de son langage filmique, qui ne fait que mieux mettre en valeur la présence de ses acteurs en véritables situations de vol. Joseph Kosinski nous prend aux tripes par la simple beauté de cette réalité, comme lorsqu’il capte le souffle blanc qui entoure la carlingue d’avions aux abords d’une rivière.
Paradoxalement, Tom Cruise se déifie, voire s’immatérialise, comme le héros de cinéma ultime parce qu’il ancre son corps dans le réel, dans un combat permanent entre ses limites d’être humain et les lois de la physique. On le voit s’accrocher, résister, et interagir avec une gravité dont il cherche pourtant à s’extraire, tel un Icare qui a pour le moment évité de se brûler les ailes.
En attendant les prochains opus de Mission : Impossible, ce Top Gun 2 a quelque chose de définitif dans son retour à un spectaculaire sobre et élégant, qui prouve que sa star mégalo nous ramène moins à la nostalgie du premier film qu’à celle d’une exigence de fabrication des blockbusters de plus en plus rare. On se laisse embarquer dans ce tour de manège épique, au point de s’amuser de ses détours kitsch en hommage aux eighties, surtout lorsque la chanson de Lady Gaga explose sur un générique de fin à l’ancienne. Peut-être que c’était mieux avant, finalement.
Quand on a vu le 1er dans les années 80 il est très difficile de faire mieux surtout sans Tony Scott et la qualité des acteurs de l’époque.Le 1er restera culte à jamais.
Film à peine sauvé par les scènes aérienne incroyable de réalisme mais extrêmement répétitives. Le scénario par contre est totalement vide, les stéréotypes toujours au rendez vous et les « leçons de vie » à l’américaine toujours à vomir. Bravo à Mr cruise qui fait la preuve de son sens des affaires film après film.
@UE qu’est-ce que tu nous casses les c*uilles avec Kubrick ?? Tu parles de crédibilité en faisant allusion aux décors en carton – car filmés en studio – de Full Metal Jacket ??
Rigolo va…
moi qui apprecie la credibilite au cinoche, on repassera!:
Kubrick par exemple prenait de vrai Marines dans full metal jacket avec Lee Ermey, un vrai de vrai mdr
j’ai jamais vu un pilote de 58 piges , âge de Cruise au moment des shoots dans un avion de combat ET en mission lol
j’ai appris qu’ils avaient utilisé le deep fake audio avec Val Kilmer , avec le deep learning neuronal pour le doubler avec sa vraie voix , reconstituée en enregistrant sa voix dans ses ancien films, et Val Klimer avait choisi « SA » voix preferéé pour top gun 2,car il a des graves pepins lies à la gorge,
Après la déroute du cinéma en salle grâce aux plateformes de streaming US, Tom Cruise sauve le cinéma mondial… cherchez l’erreur XD
J’ai adoré je suis allé le voir deux fois et je vais acheter le DVD, je suis pilote et franchement les scènes sont à couper le souffle (et pas celui des réacteurs) super Tom , peu être un troisième ???
Que du Bonheur !!!
J’ai lâché avant la fin et je n’avais pas le mal de l’air. Vraiment pas foufou.
Vu récemment à kinépolis, vraiment pas déçu !
Je pense que tous ceux qui avaient aimé le premier film savaient que ce deuxième allait être tout aussi bien.
Peut-être parce que il y avait de quoi faire trente ans après le premier, comme quoi il ne faut jamais se précipiter
Mais même en savant qu’on allait pas être déçu il faut dire qu’on même surpris en le regardant une fois au ciné tant qu’il est époustanflant de bout en bout en terme de nostalgie, d’action, de suspens, de romance et d’amour.
Le choix du casting aussi rien à dire on ne tombe dans les travers des quotas.
Ca faisait longtemps que je n’avais pas apprécié un aussi bon film
Je constate que Simon Riaux n’a toujours pas osé mettre sa petite note qui va bien… 😉